Somalie: les shebab attaquent le Parlement, au moins huit morts

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Mogadiscio (AFP)

Les insurgés islamistes shebab ont lancé samedi une attaque d'ampleur contre le Parlement somalien à Mogadiscio, avec une voiture piégée et un commando suicide, qui a fait au moins huit morts, dont quatre assaillants.

Les shebab, un groupe islamiste lié à Al-Qaïda cherchant à renverser le faible gouvernement somalien soutenu par l'ONU et l'Occident, ont eux-mêmes revendiqué l'opération auprès de l'AFP, via leur porte-parole militaire Abdulaziz Abu Musab.

"Le soi-disant Parlement somalien est une zone militaire.Nos combattants y sont pour mener une opération sainte.Nous diffuserons un rapport complet après la fin de l'opération", a-t-il déclaré.

La police a signalé la mort de quatre combattants shebab.Des journalistes de l'AFP ont également vu quatre gardes de sécurité morts et de nombreux blessés.

Selon des sources gouvernementales, au moins deux députés ont été blessés et emmenés à l'hôpital.

Peu avant midi (09H00 GMT), une voiture piégée avait provoqué une puissante explosion devant les grilles du Parlement, dans le centre de la capitale somalienne.Des explosions moins violentes et une fusillade nourrie avaient immédiatement suivi, provenant de l'intérieur du complexe.

La fusillade s'est poursuivie pendant plus d'une heure, avant de s'éteindre progressivement.On ignorait néanmoins si l'attaque était finie vers 12H00 GMT.

"Il y a une attaque près du bâtiment du Parlement.Une voiture piégée a explosé et une fusillade a commencé.Nous n'avons pas de détails pour le moment", avait dans un premier temps indiqué un responsable de la police, Husein Ise.

Selon des témoins, des combattants shebab ont pris d'assaut le bâtiment alors qu'une session parlementaire était en cours.

"J'ai été traumatisée lorsque j'ai entendu les explosions et la fusillade.J'ai dû courir pour sauver ma vie", a déclaré une députée somalienne.

Les shebab ont récemment visé des bâtiments stratégiques du gouvernement ou des forces de sécurité, tentant visiblement de discréditer le discours des autorités selon lequel elles seraient en train de gagner la guerre contre les insurgés.

 

- Tuer les députés "un à un" -

 

L'attaque de samedi ressemble à une récente opération islamiste contre le palais présidentiel.En février, les insurgés avaient fait exploser une voiture piégée aux portes de la Villa Somalia, un complexe fortifié, puis des kamikazes armés, vêtus d'uniformes de la police et de l'armée, avaient lancé un assaut qui avait fait au moins 16 morts, dont les assaillants.

Le mois dernier, deux députés somaliens avaient également été assassinés par les islamistes, l'un par balles, l'autre par l'explosion d'une bombe, dans Mogadiscio.

Les shebab avaient à l'époque déclaré vouloir tuer les députés somaliens "un à un".

De nombreuses autres attaques ont touché Mogadiscio ces derniers mois, ainsi que le Kenya voisin où vit une importante communauté somalienne.Ainsi à Nairobi, au moins 67 personnes avaient péri en septembre 2013 lors d'un spectaculaire assaut des islamistes contre le centre commercial Westgate.

Jeudi, les shebab avaient à nouveau menacé le Kenya, dont l'armée les combat depuis octobre 2011 en Somalie, affirmant qu'ils allaient "déplacer" la guerre en territoire kényan.

La force de l'Union africaine en Somalie (Amisom) - le Kenya en est l'un des principaux contributeurs - avait lancé mi-mars une nouvelle offensive d'ampleur afin de continuer de reprendre du terrain aux shebab qui, depuis qu'ils ont été chassés de Mogadiscio en 2011, ont essuyé une série ininterrompue de défaites militaires et ont dû abandonner l'essentiel de leurs bastions, dans le centre et le sud de la Somalie.

L'Amisom, forte depuis janvier de 22.000 hommes, a repris plusieurs localités aux shebab, qui continuent néanmoins de contrôler de vastes zones rurales.Ils privilégient désormais des tactiques de guérilla, maintenant une situation de chaos dans ce pays très pauvre.

La Somalie, ravagée par la guerre civile depuis 1991, risque d'ailleurs une catastrophe alimentaire en raison des très faibles pluies, moins de trois ans après une précédente famine meurtrière, si les organisations humanitaires ne reçoivent pas plus de fonds, a averti l'ONU la semaine dernière.

 

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