Les insurgés islamistes shebab ont attaqué samedi le Parlement somalien, dans le centre de Mogadiscio, avec une voiture piégée et un commando de kamikazes portant des ceintures d'explosifs, faisant au moins dix morts dont plusieurs assaillants.
Les shebab, un groupe islamiste lié à Al-Qaïda qui cherche à renverser le faible gouvernement somalien soutenu par l'ONU et l'Occident, ont revendiqué l'opération auprès de l'AFP, via leur porte-parole militaire Abdulaziz Abu Musab.
"Le soi-disant Parlement somalien est une zone militaire.Nos combattants y sont pour mener une opération sainte.Nous diffuserons un rapport complet après la fin de l'opération", a-t-il déclaré.
Cette "attaque complexe" commencée peu avant midi (09H00 GMT), selon des sources sécuritaires, a pris fin au bout de quatre heures, après l'intervention des forces somaliennes et de militaires de l'Union africaine.
Aucun bilan officiel n'a été fourni pour le moment, mais des sources policière et gouvernementale font état d'au moins dix morts, dont plusieurs combattants shebab.
Des médias locaux avancent le nombre de 20 tués, dont huit assaillants.Selon des sources gouvernementales, au moins deux députés ont été blessés et hospitalisés.
Peu avant midi (09H00 GMT), une voiture piégée avait explosé devant les grilles du Parlement.
Selon des sources sécuritaires, le bâtiment, où des dizaines de députés étaient réunis, a ensuite été pris d'assaut par des combattants shebab portant des ceintures d'explosifs, et des explosions moins violentes et une fusillade nourrie avaient suivi.
La fusillade intense s'est poursuivie pendant plus d'une heure, avant de s'éteindre progressivement.
"J'ai été traumatisée lorsque j'ai entendu les explosions et la fusillade.J'ai dû courir pour sauver ma vie", a déclaré une députée somalienne.
Tous les députés sont vivants, a précisé le Premier ministre somalien, Abdiweli Sheikh Ahmed, dans un communiqué condamnant "des actes lâches, ignobles", qui "ne sont pas une manifestation de la vraie foi islamique".
Le département d'Etat américain a "fermement" condamné l'attaque le parlement, dénonçant un "acte odieux de terrorisme".
Le chef de l'ONU en Somalie, Nicholas Kay, a lui fustigé une "attaque contre le peuple somalien pour laquelle il ne peut y avoir aucune justification".
Les shebab ont récemment visé des bâtiments stratégiques du gouvernement ou des forces de sécurité, tentant visiblement de discréditer le discours des autorités selon lequel elles seraient en train de gagner la guerre contre les insurgés.
- Tuer les députés "un à un" -
L'attaque de samedi ressemble à une récente opération contre le palais présidentiel.En février, les insurgés avaient fait exploser une voiture piégée aux portes de la Villa Somalia, un complexe fortifié, puis des kamikazes armés, vêtus d'uniformes de la police et de l'armée, avaient lancé un assaut qui avait fait au moins 16 morts, dont les assaillants.
Le mois dernier, deux députés somaliens avaient été assassinés par les islamistes, l'un par balle, l'autre par l'explosion d'une bombe, à Mogadiscio.Les shebab avaient à l'époque déclaré vouloir tuer les députés somaliens "un à un".
De nombreuses autres attaques ont touché Mogadiscio ces derniers mois, ainsi que le Kenya voisin où vit une importante communauté somalienne.Ainsi à Nairobi, au moins 67 personnes avaient péri en septembre 2013 lors d'un carnage des islamistes au centre commercial Westgate.
Jeudi, les shebab avaient à nouveau menacé le Kenya, dont l'armée les combat depuis octobre 2011 en Somalie, affirmant qu'ils allaient "déplacer" la guerre en territoire kényan.
La force de l'Union africaine en Somalie (Amisom) - le Kenya en est l'un des principaux contributeurs - avait lancé mi-mars une nouvelle offensive d'ampleur afin de continuer de reprendre du terrain aux shebab qui, depuis qu'ils ont été chassés de Mogadiscio en 2011, ont essuyé une série ininterrompue de défaites militaires et dû abandonner l'essentiel de leurs bastions, dans le Centre et le Sud.
L'Amisom, forte de 22.000 hommes, a repris plusieurs localités aux shebab, qui contrôlent néanmoins toujours de vastes zones rurales.Ils privilégient désormais des tactiques de guérilla, maintenant une situation de chaos dans ce pays très pauvre.
La Somalie, ravagée par la guerre civile depuis 1991, risque d'ailleurs une catastrophe alimentaire en raison des très faibles pluies, moins de trois ans après une précédente famine meurtrière, si les organisations humanitaires ne reçoivent pas plus de fonds, a averti l'ONU la semaine dernière.
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