Le Sud-Soudan construit sa première route bitumée le reliant au monde extérieur, une bénédiction pour les camionneurs circulant encore sur des pistes en terre et pour la population qui dépend en partie des produits alimentaires importés des pays voisins.
Il y a quatre ans, Idi Philip conduisait son camion au Sud-Soudan armé d'un pistolet.
La région sortait de la guerre civile avec le nord du pays.L'étroite route reliant Juba, la capitale du Sud-Soudan semi-autonome, à Kampala, celle de l'Ouganda, était défoncée, ses bords minés, et des hommes armés menaçaient de détrousser les camionneurs.
"Cela me prenait des jours pour faire un peu plus d'une centaine de kilomètres", se souvient ce chauffeur ougandais.
"Nous voyagions en convoi.Parfois nous devions faire marche arrière sur plusieurs kilomètres parce qu'il y avait de la circulation en sens inverse.La piste avait une seule voie et était minée des deux côtés", explique-t-il à Gumbo, le terminus des camionneurs situé à la sortie de Juba.
Depuis la fin de la guerre civile, cette piste est plus sûre et commence à être goudronnée.
Région sous-développée aussi vaste que la France, le Sud-Soudan ne compte actuellement que 60 kilomètres de routes bitumées et les pistes en terre se transforment en champs de boue dès qu'il pleut.
Aucune route asphaltée ne relie encore entre elles deux villes du Sud-Soudan, voire la région à un pays voisin.
Mais les autorités ont commencé à bitumer 192 kilomètres de route entre Juba et la frontière de l'Ouganda voisin, un projet de plus de 160 millions de dollars soutenu par l'agence américaine d'aide au développement (USAID).
"Cette route est vitale parce que la majeure partie des produits que nous consommons est acheminée par cette route.Sans bonne route, il est impossible de se développer", explique Jacob Marial Maker, directeur général des routes au ministère sud-soudanais du Transport.
Les travaux doivent être complétés à la mi-2011, année charnière pour les Sud-Soudanais qui doivent choisir, lors d'un référendum en janvier, entre le maintien de l'unité avec le reste du Soudan ou l'indépendance.
"Etre enclavé, c'est un problème que nous pouvons résoudre dans le monde moderne", souligne Barnaba Marial Benjamin, le ministre sud-soudanais de l'Information.
La région partage des frontières avec le Kenya, l'Ouganda, la République démocratique du Congo, la Centrafrique et l'Ethiopie."Nous projetons de construire bientôt une route vers Addis Abeba, en Ethiopie", ajoute-t-il.Des travaux sont aussi prévus pour améliorer les routes vers le nord du Soudan.
Le secteur agricole est moribond dans la région, d'où l'importance des routes afin de faire baisser le prix des produits alimentaires importés.
"Les difficultés logistiques pour acheminer les produits de consommation vers les marchés du Sud-Soudan permet aux exportateurs de gonfler leurs prix de 30 à 100%", estimait en mai une analyse de la Standard Chartered Bank.
L'amélioration progressive des routes a déjà commencé à réduire le prix de denrées comme les légumes, les fruits, les céréales et les conserves au marché de Konyo-Konyo, à Juba.
"Avant cela pouvait prendre deux semaines pour un camion (de se rendre de l'Ouganda à Juba).Maintenant ça prend deux jours.Cela a contribué à la baisse des prix", affirme Hassan Mutebi, président de l'association des commerçants ougandais de Juba.
Mais les tarifs restent prohibitifs pour une grande partie des quelque 8 millions d'habitants du Sud-Soudan, dont environ la moitié recevra de l'aide alimentaire cette année, selon le Programme alimentaire mondial (WFP).
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