Les ONG françaises présentes au Sahel jouent plus que jamais la discrétion après l'enlèvement de sept expatriés, dont un cadre d'Areva, à la mi-septembre dans le nord du Niger, et craignent pour la pérennité de leurs projets si la tension dans la région devait persister.
Il y a eu "des incidents répétés, c'est notre cadre de travail depuis 3-4 ans", remarque Olivier Longué, directeur général d'Action contre la faim Espagne, qui chapeaute les opérations de l'ONG au Sahel.L'enlèvement, "c'est juste la confirmation d'une tendance profondément négative".
La difficulté des conditions dans lesquelles les ONG travaillent n'est pas nouvelle au Niger, en particulier dans la partie Nord classée rouge par les autorités françaises et européennes qui déconseillent "formellement toute présence".A tel point que selon le ministère des Affaires étrangères, "il n'y a plus d'ONG dans le nord du pays".
Les difficultés sont les mêmes dans le nord du Mali et plus largement dans la zone sahélienne qui, de la Mauritanie au Soudan, est devenue un couloir de passage pour les trafiquants de tous ordres.
Habitués des terrains difficiles, les humanitaires ne veulent pas quitter une région aux besoins immenses.Au Niger par exemple, pays le plus pauvre au monde, une récente enquête du gouvernement montrait que près de 17% des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë.
"On ne veut pas être contraints d'abandonner les populations", explique Philippe Lévêque de Care France, organisation qui fore notamment des puits au Mali."Donc il faut trouver les moyens de rester présents sous d'autres formes".Avec la discrétion comme mot d'ordre.
Chez Care, les expatriés sont appelés à rester dans les capitales et sont interdits de visite dans les zones rouges où les partenaires locaux prennent le relais.
Des acteurs locaux qui réduisent leurs déplacements et font preuve de prudence."Ils évitent de sortir les gros moyens, les gros 4x4", témoigne Michèle Coste, chargée de mission au CCFD-Terre Solidaire.
Olivier Longué (ACF) évoque "un gros travail avec les autorités sanitaires pour pouvoir continuer à travailler même de manière indirecte".Depuis environ un an, autorités locales et ONG se réunissent chaque semaine à Niamey et Bamako sur toutes ces questions, rapporte Philippe Lévêque.
Autant de mesures qui s'ajoutent à une routine bien établie de travail avec les contacts locaux et de croisement systématique des informations avant les déplacements ou déploiement de programmes, comme on l'explique chez Médecins du Monde, présent au Tchad depuis 1981 et au Niger depuis 2006 avec des programmes de lutte contre la malnutrition et d'accès aux soins de santé de base.
Certaines ONG, contactées par l'AFP, refusent même totalement d'évoquer ces sujets.
Les humanitaires craignent toutefois pour l'avenir si les tensions devaient persister comme M. Lévêque (Care) qui redoute de ne pouvoir autoriser de nouveaux projets.
"On espère que ça ne va pas durer car il va devenir difficile de débloquer des moyens et d'assurer le suivi des actions", explique à Paris Mme Coste qui a déjà dû reporter au début 2011 un déplacement au Niger.
Sans compter que la sécurité coûte cher, ajoute Philippe Lévêque.
Note d'espoir toutefois pour certains, le travail renforcé avec les partenaires pourraient permettre d'accélérer l'autonomie des équipes locales.
L'enlèvement des sept expatriés (cinq Français, un Malgache et un Togolais), a eu lieu dans la nuit du 15 au 16 septembre à leur domicile à Arlit (nord du Niger).
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.