Rwanda: efforts pour limiter une croissance démographique galopante

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MUSHA (Rwanda) (AFP)

Au Rwanda où par tradition on souhaite aux nouveaux mariés "bonheur, prospérité et enfants", la généralisation récente des consultations de planning familial commence timidement à porter ses fruits, dans les statistiques mais surtout dans les mentalités.

Avec en moyenne 395 habitants au km2, le Rwanda est le pays le plus densément peuplé d'Afrique sub-saharienne: en 50 ans, sa population a quadruplé pour passer la barre des 10 millions d'habitants aujourd'hui, sur un territoire de quelque 28.000 km2, un peu moins grand que la Belgique.

"La croissance démographique du Rwanda est terrifiante", juge le député François Byabarumwanzi, membre de la coalition au pouvoir. "Quand nous construisons des écoles, des centres de soins ou des hôpitaux, leur capacité est très rapidement dépassée", souligne-t-il.

Pourtant, avec une mortalité infantile en déclin, un nombre croissant de Rwandais reprennent à leur compte l'idée que leurs enfants seront en meilleure santé et mieux éduqués s'ils ne sont pas trop nombreux.

"J'ai eu mon fils en février et je n'en veux pas d'autre jusqu'à ce qu'il ait cinq ans.Les conseillers m'ont parlé du planning familial", témoigne Placide Dusabe, 24 ans, venue dans le centre de santé de Musha pour des informations sur les contraceptifs. "Vingt ans en arrière, les couples avaient huit, 10, parfois 15 enfants.De nos jours, la moyenne se situe à cinq", explique Vestine Mukamunana, une infirmière en charge de donner des conseils sur les différents moyens de contraception.

"Nous voudrions que les couples rwandais ne fassent pas plus de trois enfants", affirme Agnes Binaghawo, la numéro 2 du ministère rwandais de la Santé. "La diminution enregistrée est un très bon signal.Nous avons multiplié par trois le nombre de personnes ayant recours au planning familial", explique-t-elle.

Dans les années qui ont suivi le génocide rwandais en 1994 qui a fait quelque 800.000 morts selon l'ONU, essentiellement des Tutsi, le contrôle des naissances était un sujet tabou --les uns disant qu'il fallait remplacer les morts, les autres craignant une tentative de rééquilibrage ethnique-- et ce n'est que depuis quatre ans que le gouvernement s'attache à enrayer la croissance de sa population.

Plusieurs experts estiment que l'heure n'est plus aux campagnes de sensibilisation mais à la mise en place de mesures draconiennes pour atteindre rapidement le seuil de trois enfants par couple.

De fait, les réformes actuelles ne devraient pas radicalement modifier les statistiques à court terme: 44% de la population est âgée de moins de 14 ans.

"En raison de l'inertie des phénomènes démographiques et quel que soit le scénario suivi, les problèmes restent posés.Le changement, si ces comportements nouveaux s'amplifient (...), ne se fera sentir qu'à moyen terme", confirme l'universitaire français Christian Thibon, spécialiste des Grands Lacs africains. "Si le taux actuel de 2,6% de croissance annuelle de la population se maintient, le pays devrait compter 14,6 millions d'habitants d'ici 2025" estimait dans ces dernières prévisions le Population Reference Bureau (PRB), un institut d'études basé à Washington.

Reste que l'idée même du contrôle des naissances et d'un recours plus systématique aux contraceptifs gagne peu à peu du terrain dans la société.

"Je ne veux que deux enfants.Mes collègues sont sur la même longueur d'ondes.Elles sont éduquées et savent que la scolarité d'un enfant est chère, donc nous préférons avoir moins d'enfants et mieux les éduquer", explique Joyeuse Uwimgeneye, employée de banque rencontrée dans le centre de santé de Nyamata.

Cette mère de deux enfants explique que ses beaux-parents n'ont d'autre choix que d'accepter sa 

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