Il est midi et les cloches de l'église luthérienne sonnent comme chaque jour avec précision dans les rues de Windhoek qui s'apprête à fêter ce week-end les cent ans de cet édifice qui fut le symbole de la puissance coloniale allemande en Namibie.
"C'est comme si j'étais dans mon pays.C'est merveilleux d'entendre ces belles cloches ici en Namibie, à presque 10.000 km de l'Allemagne.Je suis enchantée de voir la Christuskirche", lance Annelise Schmieder, une touriste allemande venue de Stuttgart (sud de l'Allemagne).
Pour la première fois, elle visite ce pays quasi-désertique d'Afrique australe où quelque 30.000 descendants allemands conservent une forte identité culturelle près d'un siècle après la fin du protectorat allemand.
Sur les marches de l'Eglise du Christ, en haut d'une colline, Annelise Schmieder admire le clocher en grès de 42 mètres de haut, site incontournable pour les visiteurs de passage à Windhoek.
La plupart des matériaux et objets nécessaires à sa construction ont été importés au début du siècle d'Europe: du marbre d'Italie, un orgue de l'entreprise allemande Walker à Ludwigsburg, trois cloches en bronze de Franz Schilling réalisées à Apolda en Allemagne.
L'empereur d'Allemagne Guillaume II a fait don des vitraux pour le choeur de l'église, qui ont depuis été rénovés, et son épouse, l'impératrice Augusta Victoria, a fourni la Bible de l'autel, aujourd'hui conservée en lieu sûr.
Petite merveille, le retable est une copie de "La résurrection de Lazare" par le maître flamand Pierre Paul Rubens.L'original a été détruit dans un incendie à Berlin en 1945 et Windhoek peut aujourd'hui se targuer de posséder la réplique la plus authentique de cette oeuvre.
Consacrée le 16 octobre 1910, cette église de 400 places a été le témoin de l'histoire sanglante du territoire, reconnu colonie allemande en 1884 sous le nom de Sud-Ouest africain.
L'architecte du gouvernement Gottlieb Redecker a tracé les plans de l'édifice dès 1901 mais sa construction a été retardée par le conflit entre les Allemands et les peuples herero et nama (1904-1907) qui a fait 65.000 morts.
Le soulèvement des Herero a été réprimé dans le sang et la plupart des survivants sont morts de malnutrition ou de maladie dans des camps de concentration.
A la fin de la Première Guerre mondiale, le territoire est placé sous tutelle sud-africaine.Un mouvement de résistance noire déclenche la lutte armée contre le régime de Pretoria qui occupe illégalement le territoire à partir de 1966.
Après 23 ans de conflit, la Namibie devient l'un des derniers Etats du continent africain à accéder à l'indépendance en 1990.
Minoritaires dans ce pays de deux millions d'habitants, les descendants allemands se disent confiants dans l'avenir.
"La langue allemande restera ancrée en Namibie et dans notre congrégation", assure l'évêque Erich Hertel avant de nuancer: "Notre priorité, en tant qu'Eglise, n'est pas de défendre une seule langue mais de répandre le message de Dieu".
L'église commémore ses 100 ans dès samedi soir avec une conférence retraçant son passé, suivie dimanche par une messe anniversaire en allemand.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.