Nigeria: 15 chiites tués par un attentat, plus de 100 prisonniers évadés

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Kano (Nigeria) (AFP)

Au moins 15 chiites ont été tués lundi par un attentat-suicide dans le nord-est du Nigeria, épicentre de l'insurrection des islamistes sunnites de Boko Haram, au lendemain de l'attaque d'une prison dans le centre, d'où se sont évadés 132 prisonniers. 

A Potiskum, dans l'Etat de Yobe, une bombe visant un cortège de chiites a explosé à une dizaine de mètres du palais de l'Emir, ont rapporté un témoin et un policier.

"Nous avons perdu 15 de nos membres lors d'un attentat-suicide survenu à la fin de notre procession de l'Achoura" commémorant la mort de l'imam Hussein, une figure parmi les plus respectées du chiisme, a déclaré à l'AFP Mustapha Lawan Nasidi, le chef de la communauté chiite de Potiskum.50 personnes ont été blessées dans cet attentat, selon lui. 

Plusieurs autres personnes sont mortes quand des soldats ont ouvert le feu, peu après l'explosion, mais il n'a pu donner le bilan de ces victimes.

Le porte-parole de l'armée nigériane, le général Chris Olukolade, n'était pas joignable pour réagir à ces événements.

Potiskum est la capitale économique de Yobe, un des trois Etats du nord-est sous le coup d'un état d'urgence depuis mai 2013 pour tenter de mettre fin à l'insurrection islamiste, qui a déjà fait plus de 10.000 morts en cinq ans.

La communauté chiite, minoritaire, compte quand même plusieurs millions de fidèles dans le nord du Nigeria, qui sont souvent la cible d'attaques.

En juillet, quatre chiites avaient été tués au cours d'une attaque attribuée à Boko Haram dans une mosquée en plein air de Potiskum.

 

- Boko Haram patrouille dans Mubi -

 

Toujours dans le Nord-Est, dans l'Etat d'Adamawa, plusieurs milliers de personnes ont fui la ville de Mubi, un autre carrefour commercial, proche de la frontière camerounaise, dont Boko Haram a pris le contrôle mercredi dernier. 

Au total, 10.496 déplacés de Mubi ont été accueillis dans cinq camps à Yola, la capitale de l'Adamawa, et d'autres ont traversé la frontière et se sont réfugiés au Cameroun, selon l'agence nigériane de secours (NEMA).

Mubi, deuxième plus grande ville de l'Etat d'Adamawa après Yola, avec quelques 150.000 habitants, avait vu affluer, elle aussi, ces deux derniers mois, de nombreux déplacés fuyant la progression fulgurante des combattants de Boko Haram, qui avaient déjà pris le contrôle de plusieurs villes et villages alentours.

Selon plusieurs témoignages d'habitants, les soldats de l'armée nigériane ont battu en retraite, et les islamistes patrouillent désormais en centre ville.

"Ils sont venus avec leurs femmes et leurs enfants et ils ont maintenant le contrôle" de la ville, a rapporté Saleh Abdullahi, un habitant.

"Ils patrouillent dans les rues à bord de leurs véhicules, à pied, et ils ne cessent de dire que nous sommes désormais sous l'autorité d'un Etat islamique" a-t-il ajouté.

Plus au Sud, dans l'Etat de Kogi, situé dans le centre du Nigeria, des hommes munis d'explosifs ont attaqué dimanche soir la prison de Koton-Karfe, déjà prise pour cible par Boko Haram il y a deux ans, libérant au moins 132 prisonniers.

"Il y avait 145 prisonniers au moment de l'attaque.L'un est mort, huit ont été capturés, et quatre se sont rendus.Le reste s'est enfui" a déclaré à l'AFP Jacob Edi, le porte-parole de l'Etat de Kogi.

"Ils ont fait sauter (les portes) avec des explosifs", a expliqué le porte-parole de la police nigériane, Emmanuel Ojukwu, à l'AFP.

L'établissement, où sont emprisonnés des combattants islamistes, avait pourtant déjà fait l'objet d'une attaque similaire, en février 2012, quand des hommes armés avaient détruit les grilles à l'explosif, tué un gardien et libéré 119 prisonniers. 

Abu Qaqa, un porte-parole présumé de Boko Haram que l'armée a annoncé avoir tué depuis, avait revendiqué cette attaque, organisée pour libérer des membres du groupe, avait-il dit.

Cette nouvelle flambée de violences intervient quelques jours après la publication d'une nouvelle vidéo de Boko Haram, obtenue vendredi par l'AFP, dans laquelle Abubakar Shekau, le chef du groupe islamiste, annonce le mariage forcé des 219 lycéennes enlevées dans cette région en avril, mettant fin à tout espoir de voir les adolescentes libérées.Il excluait toute négociation avec le gouvernement nigérian en vue d'un cessez-le-feu.

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