A la faveur d'un nouveau raid sur une ville du nord-est du Nigeria, des membres présumés du groupe islamiste Boko Haram ont attaqué une importante cimenterie du groupe français Lafarge, dont le personnel avait pu être évacué.
Les assaillants ont d'abord cambriolé une banque et fait exploser un commissariat de police dans la ville de Nafada, dans l'Etat de Gombe, un peu au sud de la zone où se concentrent les attaques du groupe islamiste, avant de s'en prendre à la cimenterie d'Ashaka, à une vingtaine de kilomètres de là, mardi après-midi.
Ces deux raids n'ont pas été revendiqués par Boko Haram, qui s'est emparé la semaine dernière de Mubi, un carrefour commercial important de l'Etat d'Adamawa, plus à l'est, mais on sait que le groupe islamiste se finance notamment par le cambriolage de banques et a volé de nombreux véhicules blindés, des munitions et des armes à l'armée nigériane par le passé.
Selon des diplomates au Nigeria, aucun ressortissant français n'a été touché dans l'attaque de l'usine d'Ashaka.Le PDG de Lafarge, Bruno Lafont, a affirmé mercredi que "tout était retourné à la normale".
"L'usine a été la cible d'une intrusion par des personnes qui étaient étrangères à la cimenterie.Il n'y a pas eu de blessé.Il n'y a pas de dégâts dans l'usine", a affirmé le patron du groupe, lors d'une conférence téléphonique, à l'occasion de la présentation des résultats trimestriels du cimentier.
"Ce matin la situation est toujours calme et tout est retourné à la normale", a ajouté M. Lafont, précisant que les auteurs de "l'intrusion" avaient quitté l'usine.
L'usine Lafarge de Gombe, qui date de 1974, est la plus grande cimenterie du nord du Nigeria.Elle emploie environ 500 personnes, parmi lesquels des expatriés, dont on ignore le nombre.Le groupe Lafarge, l'un des champions mondiaux du ciment, est présent dans 62 pays.
Les hommes armés ont fait irruption sur le site vers 15h00 (14h00 GMT) dans des 4x4 et à bord de motos.
Selon Amadu Wunti, un employé sur place, les assaillants ont volé de la dynamite et ont ils demandé à être conduits vers les bâtiments où se trouvent habituellement les personnels expatriés.
M. Wunti a parlé de ressortissants français présents, mais le groupe Lafarge a dit ne pas communiquer sur la nationalité de son personnel expatrié, pour des raisons de sécurité.
- 'Ils ont pris beaucoup de dynamite' -
La cimenterie était presque vide au moment de l'attaque, la plupart des employés ayant quitté le site après avoir appris que des hommes armés avaient attaqué Nafada et avaient pris la route dans leur direction.
Les insurgés "sont partis après le raid, ils n'ont blessé ni enlevé personne", a déclaré M. Wuniti à l'AFP, un récit concordant avec celui d'autres témoins.
"Mais ils ont pris huit véhicules et beaucoup de dynamite, habituellement utilisée dans les carrières", a-t-il précisé."Les assaillants, parmi lesquels des jeunes femmes, ont attaqué l'entrepôt, ils ont chargé la dynamite dans les véhicules et ils sont partis".
A Nafada où les assaillants sont arrivés en scandant "Allahu Akbar", au moins 10 personnes ont été tués selon Abubakar Galda et Awwal Ibrahim, des témoins: cinq soldats ont perdu la vie à un checkpoint, puis quatre fidèles et l'imam de la ville ont été tués dans la mosquée.
Selon ces témoins, les forces de l'ordre qui gardaient la route principale, à la sortie de la ville, ont été débordées par les assaillants.
Une fois dans Nafada, les hommes armés "ont fait sauter le commissariat de police avec des lance-roquettes", a rapporté M. Galda.
Selon M. Ibrahim, le siège local du Parti démocratique populaire (PDP, au pouvoir) a également été détruit.Et plusieurs témoins ont dit avoir vu les assaillants cambrioler une banque.
Nafada et Ashaka se trouvent dans le nord de l'Etat de Gombe, près de Yobe, un des trois Etats du nord-est du Nigeria où se concentre l'insurrection islamiste qui a fait plus de 10.000 morts ces cinq dernières années, et où Boko Haram a pris le contrôle de plusieurs villes et villages ces dernières semaines.
Ces nouvelles violences interviennent quelques jours après la publication d'une nouvelle vidéo de Boko Haram, obtenue vendredi par l'AFP, dans laquelle Abubakar Shekau, le chef du groupe islamiste, annonce le mariage forcé des 219 lycéennes enlevées dans cette région en avril, mettant fin à tout espoir de voir les adolescentes libérées.Il excluait toute négociation avec le gouvernement nigérian en vue d'un cessez-le-feu.
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