Des centaines de combattants du groupe islamiste armé Boko Haram se sont emparés de deux villes de l'Etat d'Adamawa dans le nord-est du Nigeria, marquant une nouvelle progression alors que l'armée nigériane enregistrait un nouveau revers en perdant un autre hélicoptère dans un crash qui a fait trois morts.
Les islamistes ont pris le contrôle jeudi des villes de Hong et de Gombi, se rapprochant ainsi de Yola - capitale de l'Etat d'Adamawa - à une centaine de kilomètres de là, après avoir été chassés par des milices locales de Mubi, carrefour commercial de cette région qu'ils avaient pris il y a deux semaines.
Le groupe Boko Haram, qui figure sur la liste noire des organisations terroristes établie par Washington, s'était déjà emparé ces derniers mois de plus d'une vingtaine de villes et villages de l'Adamawa et des Etats voisins de Yobe et Borno, dans le nord-est du Nigeria, où il dit avoir créé un "califat islamique".
L'armée nigériane, qui semble impuissante face à la progession fulgurante de Boko Haram, a perdu un autre hélicoptère.
L'engin s'est écrasé jeudi vers 22h00 (21H00 GMT) à proximité de l'Université de sciences et technologie Modibbo Adama de Yola, tuant les trois personnes qui se trouvaient à son bord, sans que les causes du crash aient été dévoilées.
Le groupe Boko Haram a multiplié les attaques et s'est emparé de nombreuses villes dans l'Etat d'Adamawa ces dernières semaines.
A Yola, le crash de l'hélicoptère à proximité du foyer des étudiants de l'université Modibbo Adama a semé la panique sur le campus, quand les armes que transportait l'appareil ont explosé.
"Nous avons entendu une énorme détonation, du coup on s'est précipités à l'extérieur des dortoirs, pensant que notre établissement été attaqué par Boko Haram", a déclaré un étudiant, Harisu Abdulaziz
Selon le professeur Kyari Mohammed, maître de conférence dans cette université et spécialiste de Boko Haram, l'hélicoptère qui s'est écrasé survolait l'université avec un deuxième appareil.
"Le crash a été suivi d'une série d'explosions à l'intérieur de l'hélicoptère, on pense qu'elles provenaient des armes que l'hélicoptère transportait", a-t-il déclaré.
"Un hélicoptère d'attaque s'est écrasé au cours d'une patrouille près de l'université de technologie de Yola.L'équipage était composé de trois personnes est décédée dans l'accident" a déclaré l'armée dans un communiqué.
L'armée avait déjà annoncé lundi qu'un de ses hélicoptères avait dû atterrir d'urgence à l'aéroport de Yola sans faire de victimes.Un récit qui différait avec celui de plusieurs témoins, qui affirmaient qu'il s'agissait d'un crash.
-Mubi libérée par des milices-
Boko Haram, dont l'insurrection a fait près de 10.000 morts ces cinq dernières années, s'est emparé de plus d'une vingtaine de villes et villages de l'Adamawa et des Etats voisins de Yobe et Borno, ces derniers mois, et dit y avoir créé un "califat islamique".
A Mubi, qui avait été rebaptisée Madinatul Islam, "la ville de l'Islam", le groupe avait commencé à administrer des chatiments prévus par la charia, la loi islamique, tranchant les mains des voleurs présumés, notamment, selon des témoignages d'habitants.
Les Civilian JTF, ces milices de jeunes qui combattent aux côtés de l'armée, auraient d'abord repris Maiha, une ville proche de Mubi, mercredi, au terme d'une longue bataille qui aurait fait de très nombreux morts parmi les insurgés, mais cette information n'a pas été confirmée par les autorités nigérianes dans l'immédiat.
Chibado Bobi, le directeur de cabinet du gouverneur de l'Adamawa, a cependant confirmé que Mubi avait été reprise des mains des islamistes par des milices privées et des chasseurs.
"Il est vrai que Mubi est à nouveau aux mains de l'armée nigériane, grâce à l'aide des milices locales et des chasseurs" a-t-il déclaré à l'AFP.
Un habitant de Mubi dit avoir vu quelques 200 miliciens et chasseurs armés d'arcs, de flèches, de machettes, de bâtons et de fusils fabriqués à la main.
"J'ai vu les combattants de Boko Haram fuir à bord de leurs véhicules quand les chasseurs et les miliciens sont entrés dans la ville" a-t-il ajouté.
Les chasseurs ont ensuite réussi à capturer "l'émir" islamiste de Mubi, selon les témoins.
Mais au lieu de se retrancher dans des zones déjà sous leur contrôle, les insurgés ont fui dans deux directions opposées, au nord et au sud de Mubi, où ils se sont emparé de deux nouvelles villes, Gombi et Hong, où ils ont brûlé les comissariats de police, selon les habitants.
La prise de Hong, sur la route de Yola, où les insurgés ont hissé leur drapeau noir sur la résidence d'un général à la retraite, selon des habitants, laisse à craindre pour la sécurité de la capitale de l'Adamawa, où des milliers de personnes se sont réfugiées ces dernières semaines, fuyant les combats.
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