Quelques milliers de manifestants ont participé vendredi à une marche dans la capitale togolaise Lomé pour réclamer une réforme de la Constitution qui barrerait la route à un nouveau mandat du président Faure Gnassingbé en 2015.
L'opposition et la société civile avaient appelé à une mobilisation "massive" pour engager "un bras de fer" avec le pouvoir dans un contexte africain marqué par le récent changement de régime au Burkina Faso.
Mais cette nouvelle manifestation a finalement été moins suivie que la marche similaire qui avait été dispersée vendredi dernier par les forces de l'ordre à coup de gaz lacrymogène.
Le président Gnassingbé, au pouvoir depuis près de 10 ans, a déclenché la colère de l'opposition cette semaine en affirmant, lors d'une visite au Ghana, que la Constitution en vigueur au Togo, qui ne fixe aucune limite au nombre de mandats présidentiels, serait "rigoureusement respectée".Une manière de laisser entendre qu'il pourrait briguer un troisième quinquennat l'année prochaine.
Les manifestants, qui s'étaient réunis au carrefour de la Colombe de la paix, dans le centre de Lomé, ont marché jusqu'au quartier d'Hanoukopé, un fief de l'opposition, dans une ambiance beaucoup plus calme que la fois précédente.
"Faure Gnassingbé a intérêt à renoncer à un troisième mandat pour éviter des problèmes à ce pays", a déclaré Zeus Ajavon, coordinateur du collectif "Sauvons le Togo", une des trois coalitions d'opposition togolaise.
- 50 ans pour le père et le fils -
Le leader de l'opposition Jean-Pierre Fabre, qui avait promis cette semaine de "maintenir la pression sur le pouvoir", a de nouveau affirmé vendredi que pour l'opposition, et selon "la volonté du peuple togolais", la question d'un troisième mandat de M. Gnassingbé "ne se pose même pas".
Mais il s'est dit prêt à dialoguer à nouveau avec le président, qu'il a déjà rencontré la semaine dernière.
Lors de la marche de vendredi dernier, les forces de l'ordre avaient tiré des gaz lacrymogènes contre les manifestants qui brandissaient des pancartes comme "50 ans pour le père et fils, ça suffit!", ou "deux mandats, ça suffit!".
Porté au pouvoir par l'armée à la mort de son père, le général Gnassingbé Eyadéma qui a gouverné le Togo d'une main de fer pendant 38 ans, Faure Gnassingbé a remporté en 2005 et 2010 des scrutins présidentiels dont les résultats avaient été contestés par l'opposition.
Gnassingbé Eyadéma avait modifié la Constitution en 2002 pour supprimer la limitation du nombre de mandats présidentiels.
L'opposition togolaise réclame de longue date que la Constitution soit révisée, notamment afin d'y réintroduire une limitation des mandats, mais ces réformes ont été rejetées en juin par le Parlement, dominé par le parti au pouvoir.
La mobilisation contre le régime du Togo survient moins d'un mois après les émeutes au Burkina Faso voisin, où la tentative du président Blaise Compaoré de modifier la Constitution pour se représenter une nouvelle fois à la présidentielle a entraîné son renversement fin octobre, après 27 ans de pouvoir.
La situation est cependant très différente dans les deux pays, selon des experts.
Au Togo, l'armée et les forces de sécurité restent "très contrôlées par le pouvoir".Comme elles l'ont déjà fait par le passé, elles réagiront sans aucun doute vigoureusement au moindre risque de dérapage ou en cas de trop forte, estime le politologue Gilles Yabi.Alors que le Buurkina avait connu une vague de mutineries sans précédent en 2011 qui avait déjà fait vaciller le pouvoir.
De plus, l'opposition togolaise, réunie au sein de trois coalitions, reste très divisée, et "il est beaucoup plus facile de bloquer une révision de la Constitution", comme cela a été le cas à Ouagadougou, "que de forcer une réforme de la Constitution", note aussi M. Yabi.
En amont du sommet de la francophonie ce week-end, le président français François Hollande a appelé jeudi les présidents africains à ne pas chercher à modifier la Constitution pour s'accrocher au pouvoir, et à procéder à des élections "libres, plurielles et démocratiques".
A Lomé, à la fin de la marche vendredi, M. Adjavon a donné rendez-vous aux manifestants le 12 décembre, espérant une mobilisation plus importante contre le régime de M. Gnassingbé.
"Je lance un appel à tout le peuple togolais à sortir massivement et à s'habiller en rouge, pour montrer que le pays est en danger" a-t-il scandé.
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