L'Unesco suspend le prix controversé au nom du président équato-guinéen

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PARIS (AFP)

L'Unesco a annoncé jeudi la "suspension" du prix scientifique offert par le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema pour mettre fin à plusieurs mois d'une polémique embarrassante pour l'organisation onusienne, du fait des accusations d'ONG dénonçant la corruption de ce régime.

"Les 58 membres du conseil exécutif de l'Unesco ont convenu de suspendre le Prix international Unesco-Obiang Nguema Mbasogo pour la recherche en sciences de la vie", a indiqué l'institution dont le siège est à Paris, dans un communiqué.

Depuis des mois, des ONG, des universitaires et jusqu'au prix Nobel de la paix Desmond Tutu appelaient l'Unesco à annuler ce prix --qui aurait dû être attribué pour la première fois en 2010-- le jugeant contraire aux valeurs de l'Organisation de l'ONU pour la science, la culture et l'éducation.

"Teodoro Obiang est responsable d'un bilan épouvantable en matière de violation des droits humains et d'une gestion catastrophique de la Guinée équatoriale au cours des trente dernières années", a souligné Human Rights Watch en se félicitant de la décision de l'Unesco.

Le président Obiang qui dirige d'une main de fer depuis un coup d'Etat en 1979 ce petit Etat d'Afrique centrale coincé entre le Gabon et le Cameroun, avait offert 3 millions de dollars pour cinq ans, à raison de 300.000 dollars par an à partager entre trois chercheurs (le reste pour l'administration du prix) pour "récompenser la recherche en sciences de la vie".

Son pays est le troisième producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne mais l'essentiel de sa population (moins d'un million d'habitants) vit dans la pauvreté.

Et dans son rapport 2009, l'ONG Transparency International fait figurer la Guinée équatoriale à la 168e place sur 180 pays en matière de corruption.Selon le Sénat américain, le président Obiang et son entourage auraient détourné une partie significative des revenus pétroliers du pays.

L'appel des ONG avait été relayé ces derniers mois par les Etats-Unis et les pays européens mais les pays africains refusaient de se désolidariser du président Obiang.

Ces derniers ont fait remarquer que le conseil exécutif de l'Unesco avait approuvé en 2008 la création du prix, allant jusqu'à exprimer alors "sa profonde gratitude au gouvernement de la Guinée équatoriale".

Dans un récent rapport évaluant l'efficacité des 27 Prix Unesco existant, la directrice générale Irina Bokova, missionnée en juin par le conseil pour tenter sortir de l'impasse, reconnaît d'ailleurs à mots couverts que la création de certains prix s'est faite sans beaucoup de rigueur.

"Il faut peut-être faire preuve d'un plus grand discernement dans la désignation des prix Unesco", écrit-elle et "à l'avenir, toutes les propositions de prix devront être accompagnées d'une étude de faisabilité de la directrice générale".

"Les Etats-Unis d'Amérique ont demandé que le prix (Obiang) soit suspendu de manière définitive (...).Cette décision n'a pas été approuvée par les Etats africains", a indiqué à l'AFP un conseiller de M. Obiang, Agapito Mba Mokuy.

Pour que personne ne perde la face dans les salons feutrés de l'Unesco, le prix Obiang n'est pas officiellement annulé et le conseil poursuivra "les consultations entre toutes les parties concernées, dans un esprit de respect mutuel et jusqu'à ce qu'un consensus soit trouvé".

Mais de fait, il n'y aura jamais de consensus."Comme il y a une large opposition à ce prix au sein du conseil, c'est une formule élégante pour mettre fin à cette controverse", a souligné un diplomate d'un pays occidental.

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