Les islamistes somaliens shebab ont revendiqué lundi l'assassinat d'un député somalien dans la capitale Mogadiscio, le jour même où le Parlement votait l'investiture du nouveau gouvernement.
Les élus somaliens sont une cible fréquente et revendiquée des insurgés islamistes.Abdulahi Qayad Barre est le premier d'entre eux tué depuis le début de l'année, mais cinq députés avaient été abattus en 2014.
Selon le porte-parole militaire des shebab Abdulaziz Abu Musab, le parlementaire a été tué par balles par un "commando shebab".
"Pour rendre justice à Dieu, les prétendus députés somaliens sont les cibles légitimes d'assassinats ou d'enlèvements", a-t-il ajouté."Celui qui vient d'être tué ne fait pas exception, c'est le sort réservé à tout infidèle".
Un autre député, Abdukarim Hajji, avait un peu plus tôt expliqué que la victime avait été abattue alors qu'elle "quittait sa maison pour rejoindre le Parlement".
Quelques heures plus tard, les députés somaliens ont malgré tout voté l'investiture du nouveau gouvernement, composé de 26 ministres et autant de vice-ministres.Ce vote était attendu depuis des semaines, bloqué jusqu'ici par les luttes de pouvoir qui minent elles aussi chroniquement la vie politique somalienne.
"La majorité des députés présents (191 sur 220) ont voté l'investiture du gouvernement", a déclaré le président de l'Assemblée nationale, Mohamed Osman Jawari.
Un nouveau Premier ministre -- Omar Abdirashid Ali Sharmarke -- avait été nommé en décembre, dans la foulée d'une motion de défiance votée par le Parlement contre son prédécesseur Abdiweli Sheikh Ahmed, en conflit ouvert avec le président somalien Hassan Sheikh Mohamud.
- Luttes claniques --
Mi-janvier, les députés s'étaient opposés à un premier gouvernement proposé par le nouveau Premier ministre.
Cette opposition avait illustré les difficultés à concilier les intérêts des différents clans qui règnent sur la politique du pays, dont chacun réclame sa part de pouvoir à Mogadiscio.
Les rivalités politiques dans un pays sans réelle autorité centrale depuis plus de deux décennies mais qui tente malgré tout de mettre sur pied une nouvelle Constitution, inquiètent les observateurs et donateurs internationaux: le climat n'aide pas à un retour de la paix dans le pays de la Corne de l'Afrique.
La Somalie est plongée dans le chaos et la guerre civile depuis la chute en 1991 du régime autoritaire du président Siad Barre.Le pays est depuis livré aux milices de chefs de guerre, aux gangs criminels et aux groupes islamistes.
Les insurgés shebab ont eux juré la perte des fragiles autorités de Mogadiscio, tenues à bout de bras par la communauté internationale (�?tats-Unis, UE, ONU) et ils expliquent s'en prendre plus particulièrement aux députés parce qu'ils ont autorisé l'intervention de troupes étrangères en Somalie.
Une force militaire de l'Union africaine (Amisom), composée de quelque 22.000 soldats ougandais, burundais, djiboutiens, kényans et éthiopiens est déployée dans le pays pour aider l'embryon d'armée somalienne à combattre les shebab.
En conséquence, les insurgés n'ont cessé depuis trois ans de perdre du terrain dans le centre et le sud du pays, mais ils continuent de mener de spectaculaires attaques, notamment contre des cibles gouvernementales.
L'exécutif dirigé par Hassan Sheikh Mohamud, qui, à son arrivée au pouvoir en 2012, était perçu par la communauté internationale comme le meilleur espoir de paix et de retour à un �?tat effectif en plus de 20 ans, a depuis largement déçu ses partisans qui désormais dénoncent, comme avec les précédentes administrations, corruption et luttes intestines.
En place depuis 2012, il peine comme les précédents à asseoir son pouvoir au-delà de Mogadiscio et sa périphérie.Très souvent, les régions abandonnées par les shebab passent encore sous le contrôle de chefs de guerre qui tentent d'y imposer leur autorité.
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