Un jeune manifestant a été tué mardi à Bujumbura où les opposants à un 3e mandat du président burundais Pierre Nkurunziza continuaient de manifester, à la veille d'un Sommet régional dont ils espèrent qu'il convaincra le chef de l'Etat de renoncer à sa candidature.
Au 17e jour de contestation, émaillée de violences qui ont déjà fait une vingtaine de morts, un manifestant a été tué par balle lors d'affrontements avec la police dans le quartier de Buterere, où se trouve l'aéroport international de Bujumbura, à une dizaine de km au nord du centre-ville.
La route menant à l'aéroport n'était pas bloquée et celui-ci restait à accessible depuis le centre-ville, selon le correspondant de l'AFP.
Recouvert d'un drap, le corps de la victime - Amissi, 24 ans - a été porté devant la maison de la mairesse du quartier, Pauline Ruratotoye, par une centaine de manifestants réclamant que l'édile organise les funérailles.Des témoins ont indiqué à l'AFP que le jeune homme avait été tué d'une balle dans la tête, tirée par la police.
Dispersés par des policiers, les manifestants portant le corps sont revenus à la charge et ont pillé la maison de la mairesse, ainsi qu'un véhicule de la commune.
Le correspondant de l'AFP a vu du sang par terre, à l'endroit où le jeune homme est tombé.Il a également vu deux manifestants blessés par balles, dont un garçon d'une dizaine d'années, blessé au bras.
"Ils sont en train de tuer nos enfants.Qu'est-ce que c'est que ce président qui veut diriger le pays sur le sang de nos fils?", hurlait une femme âgée, se roulant par terre en pleine crise de nerfs.
Des centaines de manifestants, dont de nombreuses jeunes filles, sont rassemblés depuis mardi matin à Butarere, où la police avait déjà ouvert le feu dans la matinée - apparemment sans faire de blessé - pour disperser des protestataires voulant s'en prendre à la maison d'un policier.
Les manifestations, interdites par le pouvoir, ont débuté le 26 avril dans plusieurs quartiers périphériques de Bujumbura, au lendemain de la désignation du président Nkurunziza - élu en 2005 et réélu en 2010 - comme le candidat à la présidentielle du 26 juin de son parti, le Cndd-FDD.
- Sommet test -
Les adversaires d'un troisième mandat le jugent inconstitutionnel.Mais la Cour constitutionnelle, acquise au pouvoir selon eux, a récemment estimé qu'un nouveau mandat de Pierre Nkurunziza serait conforme à la Constitution, donnant raison au camp présidentiel.
A Kanyosha, deux personnes ont par ailleurs été tuées dans la nuit par l'explosion apparemment accidentelle d'une grenade qu'ils manipulaient dans une maison, selon le maire de ce quartier du sud de la capitale.L'édile n'a pas voulu commenter les assertions de voisins qui ont affirmé que les deux victimes étaient des Imbonerakure, des membres de la Ligue de jeunesse du Cndd-FDD.
L'ONU a qualifié les Imbonerakure d'être une "milice", chargée des basses oeuvres du Cndd-FDD.Lundi soir, l'envoyé spécial de l'UE dans la région, avait souligné "la réalité de la circulation des armes" au Burundi, notamment au sein des Imbonerakure.
Quelque 150 manifestants et un nombre similaire de partisans du Cndd-FDD se sont fait face mardi à la limite entre leurs quartiers respectifs de Ngagara et Kamenge, au nord du centre-ville.Les deux camps se sont invectivés mais l'affrontement a été évité.
Les forces de l'ordre ont dispersé quelque 200 manifestants dans le quartier de Nyakabiga et 400 personnes à Kanyosha, commune (homonyme du quartier de Bujumbura) de la province de Bujumbura-Rural, située au sud de la capitale.
Dans le quartier de Musaga, haut-lieu de la contestation, des manifestants ont défilé sans incident.
Les chefs d'Etat de la Communauté Est-africaine (EAC) se réunissent mercredi à Dar es Salaam pour tenter de trouver une issue à cette crise qui a déjà poussé des dizaines de milliers de Burundais à se réfugier dans les pays voisins.
Selon Donatien, homme d'affaire de Musaga, "ce Sommet est un test pour l'EAC.Les chefs d'Etat doivent montrer leur maturité dans la gestion des crises en disant à Nkurunziza de partir", à l'issue de son actuel mandat.
Dans la plupart des quartiers contestataires de la capitale les barricades de ces derniers jours ont disparu des axes principaux, mais les allées annexes non bitumées restaient barrées.La police était cantonnées aux entrées et sorties de ces quartiers, et l'armée déployée à l'intérieur.
Selon des manifestants de Musaga, les militaires ont autorisé les jeunes à défiler dans le quartier, à condition qu'ils ne barricadent pas les voies principales et laissent les véhicules y passer librement.
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