Un monde libéré de la faim n'est pas une utopie, selon les Nations unies, qui avancent que le nombre d'affamés a reculé de près d'un quart en 25 ans, passant pour la première fois sous la barre des 800 millions.
Dans un rapport conjoint des agences spécialisées sur l'insécurité alimentaire dans le monde (SOFI 2015), publié mercredi, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime que 795 millions de personnes restent en situation de sous-alimentation, soit une diminution de 167 millions sur la dernière décennie, avec des progrès particulièrement marqués en Asie (Azerbaïdjan, Chine, Thaïlande, Birmanie, Vietnam...) et en Amérique Latine (Brésil, Chili, Venezuela et Bolivie en tête).
L'Afrique subsaharienne en revanche reste dans le rouge avec près d'un quart (23,2%) de sa population en état de sous-alimentation, notamment en Centrafrique, Côte d'Ivoire, Liberia, Madagascar, Namibie, Ouganda, Tanzanie ou Zambie, où les progrès "sont très lents".
Le rapport relève que plus de la moitié des pays en développement (72 sur 129) ont atteint l'Objectif du Millénaire (ODM) Numéro un, défini en 2000 à New York, visant à réduire de moitié la faim sur 15 ans."Certains (9) l'ont manqué de très peu", a relevé le directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, lors d'une conférence de presse.
Le nombre de personnes souffrant de la faim est passé de 23% en 1990 à un peu moins de 13% en 2015, "soit 216 millions de personnes en moins au total", malgré une hausse continuelle de la population avec 1,9 milliard d'humains supplémentaires depuis 1990.
Mais pour maintenir ces gains, il faut augmenter les capacités des agriculteurs à produire plus et mieux, à accroître leur productivité et leur accès aux marchés.
- La croissance n'est pas tout -
"La croissance économique est importante mais pas suffisante, surtout elle doit inclure tout le monde" fait valoir Stanlake Samkange, responsable du Programme alimentaire mondial (PAM, co-auteur du SOFI).
"Malheureusement (...) la croissance économique n'inclut pas tout le monde, notamment les femmes", ajoute-t-il en relevant l'absence de corrélation entre "réduction de la pauvreté économique et réduction de la faim".
"Il faut mettre en place des systèmes plus distributifs de la croissance", insiste aussi José Graziano da Silva, "en élargissant les régimes de protection sociale par exemple", déjà en place dans 130 pays, et en intégrant les régions rurales les plus isolées, qui sont toujours celles les plus frappées par la faim.
Il rappelle que 80% des produits alimentaires consommés dans les pays en développement sont produits par les petits agriculteurs mais qu'ils sont les plus touchés par le changement climatique.
"Les vrais progrès en milieux rural nécessiteront des investissements pour créer des revenus, des emplois et surtout pour développer les infrastructures, l'éducation, l'accès à l'eau", insiste Josefina Stubbs, vice-présidente du Fonds international de développement agricole (FIDA).
Il sera "essentiel" que les Objectifs de Développement (ODD) qui seront adoptés en septembre à New York "placent les ruraux en tête" des ambitions.Même si éradiquer la pauvreté rurale coûterait "3.000 milliards de dollars", avance Mme Stubbs, citant des estimations.
Tous jugent que "l'objectif Faim Zéro est atteignable de notre vivant", mais la FAO et le PAM mettent en garde contre la durée et la persistance des situations qui entravent la lutte contre la faim: en 30 ans, les crises, autrefois "catastrophiques, brèves mais très visibles, traînent aujourd'hui en longueur, en particulier les catastrophes naturelles et les conflits, le changement climatique, les crises financières ou les crises sur les prix agissant comme facteurs aggravants".
"La faim dans les pays qui connaissent ce genre de situation est trois fois plus élevée qu'ailleurs.En 2012, environ 366 millions de personnes vivaient dans ce type de contexte, dont 129 millions étaient sous-alimentées - 19% des affamés" sur la planète.
Or la prégnance de ces crises, leur longévité et leur cruauté, captent une part croissante, parfois l'essentiel, de l'aide internationale apportées par les principaux donateurs: "L'aide d'urgence est indispensable.Mais nous ne pouvons compromettre les objectifs à long terme de l'aide au développement", insiste le directeur de la FAO, en rappelant qu'un pays comme le Nicaragua n'a pu se reconstruire après la guerre civile que grâce à l'aide étrangère.
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