Burundi: tirs soutenus dans la nuit à Bujumbura, reprise des manifestations au petit matin

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Bujumbura (Burundi) (AFP)

Les manifestations hostiles au président Pierre Nkurunziza ont repris vendredi matin à Bujumbura, toujours sous les tirs de la police et après une nuit ponctuée de nombreuses rafales d'armes automatiques, a constaté l'AFP.

Des tirs nourris d'armes automatiques ont été signalés jusque tard dans la soirée dans plusieurs quartiers de la capitale, habituels hauts lieux de la contestation populaire contre la candidature du président Nkurunziza à un troisième mandat à la présidentielle du 26 juin, a-t-on constaté.

A Musaga, Cibitoke, Bwiza, la police a tenté de disperser les manifestants qui voulaient préparer leurs rassemblements dès la veille, selon des habitants.Un véhicule privé a été incendié pendant la nuit à Bwiza.

Vendredi matin, la police était de nouveau déployée en force dans ces quartiers.A Cibitoke, les policiers ratissaient les ruelles.A chaque carrefour, les policiers ouvraient le feu dès qu'un manifestant était en vue, tirant en l'air mais parfois aussi dans leur direction.Des militaires participaient aux opérations et faisaient également des tirs de sommation.

Des policiers sont par ailleurs intervenus en nombre et sans ménagement à Nyakabiga pour disperser environ 200 jeunes regroupés sur l'avenue principale, faisant là aussi de nombreux tirs de sommation, a-t-on constaté.

A Musaga, des protestataires essayaient de se rassembler dans les ruelles du quartier, alors que les policiers occupaient l'avenue principale et faisaient feu en leur direction pour les effrayer.

Aucun bilan de ces dernières violences n'était disponible vendredi à la mi-journée.

En début d'après-midi, une grenade, jetée par des inconnus, a explosé en plein centre-ville, sans faire de victime.Trois véhicules ont été endommagés et partiellement incendiés, a-t-on constaté.

Plus d'une trentaine de personnes ont été tuées en un mois de contestation populaire. Les manifestations dans les rues de Bujumbura sont émaillées de nombreux affrontements avec la police.Jusqu'ici concentrées dans la capitale, des rassemblements ont également été signalées en province, avec là aussi une sévère répression policière.

Vendredi, trois personnes avaient été tués dans l'explosion de grenades jetées  dans la foule en plein centre de la capitale.Le lendemaine, le leader d'un petit parti d'opposition et figure des anti-troisième mandat avait été abattu avec son garde du corps par des inconnus.

Des élections législatives et communales, déjà repoussées de dix jours sous la pression de la communauté internationale, sont prévues le 5 juin, suivies du scrutin présidentiel le 26 juin, puis des sénatoriales le 17 juillet. 

L'Eglise catholique a annoncé son retrait du processus électoral et l'UE a suspendu sa mission d'observation, jugeant que les conditions actuelles "ne permettent pas la tenue d'élections crédibles", alors que le pays connait une "atmosphère de peur et d'intimidation généralisée".

Les chefs d'Etat des pays d'Afrique de l'Est doivent se retrouver dimanche à Dar es Salam pour tenter de trouver une issue à la crise.Une première rencontre le 13 mai, déjà à Dar es Salaam, avait été bouleversée par une tentative de coup d'Etat contre le président Nkurunziza, présent au sommet.Son retour au Burundi avait permis de faire échouer le putsch, mais pas d'étouffer la fronde dans les rues.

On ignore pour le moment s'il se rendra à Dar es Salam, ou qui y représentera le Burundi.

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