Un "soulagement total", dit Chérif, chef d'entreprise à Abidjan: la métropole s'est ranimée jeudi, au lendemain de l'annonce des résultats du premier tour du scrutin présidentiel ivoirien, éclipsant la lourde inquiétude des derniers jours.
Journal du matin à la main, le chef d'entreprise commente au bord d'une rue, au milieu d'un groupe d'amis, les chiffres du premier tour du dimanche 31 octobre.Arrivés en tête, le président Laurent Gbagbo et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara se retrouveront en finale.
Si le calme a prévalu lors du déroulement du vote, marqué par une participation exceptionnelle (environ 80%), durant les jours qui ont suivi un climat d'angoisse et même de psychose s'était emparé de la capitale économique aux 4 millions d'habitants, envahie des rumeurs les plus folles dans l'attente des noms des vainqueurs.
Administration et commerces fermés, circulation minimale dans les rues: la turbulente cité avait pris l'allure d'une ville fantôme.Les violentes manifestations survenues en une décennie de crise politico-militaire ont laissé des traces, et beaucoup d'habitants avaient préféré ne pas sortir.
Mais jeudi matin, de nombreux commerces avaient rouvert et les salariés avaient repris le chemin du travail.
Au même moment cependant, devant le siège de leur parti, dans le quartier chic de Cocody, quelques centaines de jeunes partisans de l'ex-président Henri Konan Bédié protestaient avec barricades et pneus brûlés contre l'élimination de leur champion, victime selon eux d'un "braquage électoral".
Lui-même proche du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, ex-parti unique) de M. Bédié, Norbert Kouakou pense plutôt au pénible climat des derniers jours.
"Je ne peux pas comprendre que le Brésil organise le matin du dimanche une élection présidentielle dont les résultats sont connus le soir, quand la Côte d'Ivoire y passe trois jours", s'offusque-t-il.
"Cette situation a entraîné la peur et une psychose dans le pays", souligne cet informaticien.
Salif Koné compte parmi les "titrologues" d'Abidjan, ces badauds qui s'arrêtent devant les kiosques à journaux et commentent entre eux l'actualité à partir des "Unes" souvent provocantes des quotidiens.
"J'avoue que j'étais très inquiet, jusqu'au dernier jour je ne croyais pas au déroulement de la présidentielle", explique cet instituteur, pour qui les élections vont "ramener la paix" et permettre à son champion Alassane Ouattara de "remporter la mise".
"La démocratie a triomphé", tranche Gervais Kouassi.Pour ce notaire, les soubresauts politico-militaires n'auront été qu'un "accident de parcours".
Mais certains n'ont pas trouvé que des inconvénients à la longue et fiévreuse attente des résultats de ce vote historique.
Cela a offert "des moments de retrouvailles familiales pour parler politique", raconte Francis N'drin, garagiste: "nous avions une cellule locale à la maison pour calculer au fur et à mesure que les résultats étaient publiés par la commission électorale".
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