La coalition au pouvoir en Ethiopie et ses alliés ont sans surprise raflé 546 des 547 sièges de députés, selon les résultats officiels des législatives du 24 mai proclamés lundi dans l'attente de l'attribution d'un dernier siège qui lui semble promis.
Ces élections à la Chambre des représentants du peuple, chambre basse du Parlement, les premières depuis la mort en 2012 de Meles Zenawi, homme fort du pays pendant plus de 20 ans, étaient jouées d'avance dans un pays au régime autoritaire et verrouillé, laissant peu de place à l'opposition et aux critiques.
Seule l'ampleur de la victoire du Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), coalition de quatre formations représentant les principaux peuples du pays, était inconnue.
L'EPRDF, qui dirige l'Ethiopie depuis la chute en 1991 du régime militaro-marxiste de Mengistu Haile Mariam, remporte à lui seul 500 sièges, les 46 autres se répartissant entre divers petits partis régionaux alliés.
Manque le résultat définitif de la circonscription de Bonga (sud-ouest), où le scrutin avait dû être reporté, mais les chiffres provisoires semblent montrer, là aussi, une victoire du camp au pouvoir.
L'EPRDF fait mieux que lors des législatives de 2010, où deux sièges avaient échappé à la coalition et ses alliés: l'un remporté par un député se réclamant de l'opposition - qui ne s'est pas représenté - et l'autre par un indépendant.
Avec ses alliés, l'EPRDF emporte également la quasi-totalité des 1.987 sièges des Assemblées des neuf Etats de la fédération éthiopienne, ne laissant échapper que 21 sièges.
- L'Ethiopie, alliée des Occidentaux -
Le président de la Commission électorale, Merga Bekana, s'est félicité de la "forte participation et du déroulement harmonieux du processus électoral", qualifiant les élections de "libres, équitables, pacifiques, crédibles et démocratiques".
Yilkal Getnet, président du parti Semayawi ("Parti bleu"), une des principales formations d'opposition, a estimé que "la principale leçon pour les Ethiopiens et la communauté internationale est que l'EPRDF n'a pas intérêt à créér un système multipartite en Ethiopie.La politique dictatoriale a été mise au jour".
"L'espace politique en Ethiopie est totalement fermé", a-t-il expliqué à l'AFP.
Taye Negussie, professeur de sociologie à l'Université d'Addis Abeba a estimé que "ce résultat était totalement attendu"."Il n'y a pas de multipartisme en Ethiopie.C'est simplement une imitation", a-t-il déclaré à l'AFP.
Le Premier ministre Hailemariam Desalegn, dauphin désigné de M. Meles à qui il a succédé à sa mort, devrait être reconduit à la tête du deuxième pays le plus peuplé d'Afrique (94 millions d'habitants), derrière le Nigeria.
A contre-courant de la vieille garde originaire du Tigré (nord), formée dans la guérilla contre le régime Mengistu, M. Hailemariam incarne une nouvelle génération de dirigeants éthiopiens.
M. Hailemariam a poursuivi la politique de grands travaux d'infrastructure et de développement agricole initiée par Meles, crédité du spectaculaire redressement économique de l'Ethiopie.Symbole de la famine dans les années 1980, le pays affiche désormais une croissance économique insolente, autour de 10% ces cinq dernières années, selon la Banque mondiale.
Des ONG de défense des droits de l'Homme dénoncent un développement économique à marche forcée, dont les populations locales et l'environnement paient le prix fort, mais aussi le caractère autoritaire du régime et sa velleité d'étouffer toute voix dissidente.
Les promesses d'ouverture politique de Hailemariam Desalegn sont en grande partie restées lettre morte, selon les partis d'opposition, qui ont accusé les forces de sécurité d'avoir harcelé leurs candidats, empêchés de faire campagne.
De nombreux journalistes ont été jetés en prison ces dernières années en vertu d'une loi antiterroriste controversée, aux contours flous et utilisée, selon les défenseurs des droits de l'Homme, pour faire taire les critiques.
Washington s'est dit préoccupé par les "restrictions" imposées à la société civile, aux médias et aux partis d'opposition et l'UE a dénoncé les arrestations de journalistes et de responsables d'opposition, ainsi que la fermeture de médias.
Mais les critiques restent modérées, l'Ethiopie étant considérée par les Occidentaux - Etats-Unis en tête - comme un allié-clé dans la lutte contre l'extrémisme islamiste dans la Corne de l'Afrique. En Somalie voisine, le pays fournit plus de 4.000 soldats à la Force de l'Union africaine (Amisom) qui y combat les islamistes shebab affiliés à Al-Qaïda.
Addis Abeba, qui abrite le siège de l'Union africaine, sera une des deux étapes de la tournée est-africaine du président américain Barack Obama, qui se rendra en juillet également au Kenya.
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