Quatre islamistes soudanais condamnés à la pendaison pour le meurtre en 2008 d'un diplomate américain se sont évadés de leur prison à Khartoum, a indiqué vendredi une source de sécurité à l'AFP.
Cette source, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, confirmait ainsi des informations en ce sens parues dans le journal pro-gouvernemental Al-Raï al-Aam."C'est vrai.Les quatre hommes se sont évadés hier (jeudi) de la prison de Kober", située dans le quartier de Khartoum-Nord, a-t-elle dit.
John Granville, qui était âgé de 33 ans et travaillait à l'Agence américaine pour le développement international (USAID), ainsi que son chauffeur, Abdel Rahman Abbas (40 ans), avaient été tués par balle dans leur voiture le 1er janvier 2008.
La cour avait rendu en juin 2009 un verdict de culpabilité contre quatre jeunes islamistes -Mohamed Mukawi, AbdelBassit Hajj al-Hassan, Mohaned Osman Youssef, AbdelRaouf Abou Zeid Mohammed Hamza-, les condamnant à la pendaison.
Une cinquième personne, Mourad AbdelRahman Abdallah, avait été condamnée à deux ans de prison pour avoir fourni l'arme du crime.Ce dernier a été libéré l'an dernier.
"Les quatre hommes se sont évadés.Les autorités nous ont assuré qu'ils allaient continuer à les rechercher", a dit Adil Abdelghani, avocat soudanais de la famille de John Granville, après avoir indiqué que les quatre hommes avaient fait appel de la peine de mort mais qu'ils avaient été déboutés.
Au Soudan, la famille d'une victime de meurtre doit dire à la cour si elle accorde l'amnistie aux condamnés, demande compensation ou exige la peine de mort.
Dans une lettre authentifiée, traduite en arabe et lue à la cour en octobre 2009, la mère de John Granville avait demandé la peine de mort pour les quatre hommes.
Les autorités soudanaises n'ont pas donné de détails sur la traque des fugitifs dont l'un -AbdelRaouf Abou Zeid Mohammed Hamza - est le fils du leader du groupe soudanais Ansar al-Sunna, lié wahhabisme, une forme stricte de l'islam prédominante en Arabie saoudite.
"Nous avons lu ces informations (sur l'évasion) et les analysons", a dit à l'AFP un porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis à Khartoum.
La prison de Kober, construite au XIXe siècle sur les rives du Nil bleu, héberge notamment des prisonniers politiques et de nombreux rebelles du Darfour, une région de l'ouest soudanais en proie à un conflit sanglant.
Deux influents journalistes du quotidien soudanais al-Intibaha avaient demandé cette semaine au président Omar el-Béchir d'accorder l'amnistie aux quatre meurtriers.
Les relations entre les Etats-Unis et le Soudan sont en règle générale tendues.Washington a imposé en 1997 des sanctions économiques contre le Soudan alors accusé d'abriter des membres d'Al-Qaïda, et a bombardé un site de Khartoum.
Les deux pays ont depuis collaboré dans l'enquête sur la mort de John Granville ainsi que sur des dossiers de sécurité.
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