Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a qualifié mardi de "très graves" les heurts survenus lundi au Sahara Occidental, où l'armée marocaine a donné l'assaut à un camp de civils sahraouis, et jugé inadmissible le refoulement du Maroc d'un député français.
"Il y a un problème d'urgence parce qu'à Lâayoune les chocs ont été très violents, les incidents très graves.On ignore, à la fois dans le camp de toile et dans la ville (de Lâayoune, chef-lieu du Sahara occidental), le nombre des blessés et le nombre des morts", a-t-il observé lors d'une séance de questions à l'Assemblée nationale.
Lundi matin, les forces de l'ordre marocaines ont donné l'assaut dans un camp situé à environ 13 km de Lâayoune abritant des milliers de civils sahraouis, qui protestent depuis des mois contre leurs conditions de vie.Des heurts ont ensuite éclaté dans la ville de Lâayoune, où des véhicules ont été incendiés et des bâtiments publics caillassés.
Le Front Polisario a affirmé mardi que 11 personnes ont été tuées, 723 blessées et 159 sont portées disparues après l'intervention des forces marocaines contre le campement.D'après Rabat, les heurts ont fait six morts, essentiellement dans les rangs des forces de l'ordre et aucun parmi les civils du camp.
Par la voix du porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, la France a appelé Rabat et le Front Polisario à "s'engager résolument" dans un processus de paix, "afin qu'une solution politique soit enfin trouvée".
Le Polisario, basé en Algérie, réclame un référendum d'autodétermination sous l'égide de l'ONU.Le Maroc, qui a annexé le Sahara occidental en 1975, offre une autonomie sous sa souveraineté.
Alliée historique du Maroc, la France soutient le plan d'autonomie voulu par Rabat.
Faisant allusion aux discussions informelles entre le Polisario et le Maroc qui ont commencé lundi près de New York, M. Kouchner a observé que les affrontements avaient eu lieu juste avant et que le conflit avait "35 ans d'existence".
"La dernière proposition marocaine, qui parlait d'autonomie, a été bien accueillie à l'ONU", et elle "est l'un des éléments" d'un règlement, a-t-il dit devant les députés.
M. Kouchner a répondu au député communiste Jean-Paul Lecoq, assis sur les bancs de l'Assemblée nationale, qui l'interpellait après avoir été expulsé du Maroc pour avoir voulu se rendre au Sahara Occidental.
"Je regrette la façon dont vous avez été refoulé du territoire marocain et nous l'avons fait savoir à l'ambassadeur du Maroc en France", a déclaré le ministre.
L'élu communiste avait raconté lundi à la presse être arrivé dimanche en fin d'après-midi à Casablanca pour se rendre à Lâayoune.Il avait alors été empêché de quitter l'aéroport par les autorités marocaines et remis dans un avion à destination de Paris lundi matin.
"Il n'est pas admissible qu'un représentant élu de la nation soit ainsi refoulé du territoire d'un pays ami", a dit M. Kouchner, en observant que la France "admirait" toutefois "les progrès vers la démocratie" du royaume chérifien.
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