La Valette (AFP) La communauté internationale a appelé jeudi le gouvernement burundais et l'opposition à se rencontrer "d'urgence" pour trouver une solution à la crise, et éviter ainsi que le pays ne replonge dans des violences à grande échelle.Cette initiative, lancée à quelques heures d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU prévue à 17H15 GMT, a reçu un accueil glacial à Bujumbura, qui entend fixer elle-même les règles d'un dialogue de sortie de crise.A Malte, trois hauts responsables de l'ONU, de l'Union africaine et de l'UE ont indiqué en marge du sommet euro-africain sur les migrations, être "convenus de l'urgence d'organiser une réunion entre le gouvernement burundais et des représentants de l'opposition à Addis Abeba ou à Kampala, sous la présidence du président (ougandais Yoweri) Museveni".Yoweri Museveni est le médiateur désigné en juillet par la Communauté des Etats d'Afrique de l'Est (EAC) dans la crise qui frappe le Burundi depuis l'annonce fin avril de la candidature de son président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, jugé anticonstitutionnel par l'opposition, la société civile et une partie de son camp."Nous sommes très surpris de voir ce communiqué qui démontre en effet qu'il y en a qui voudraient décider en lieu et place du peuple burundais", a réagi auprès de l'AFP Willy Nyamitwe, influent conseiller de M. Nkurunziza."Ce n'est ni aux Nations unies, ni à l'Union européenne, et encore moins à l'Union Africaine de décider à la place des Burundais", a-t-il ajouté."Une commission chargée d'organiser ce dialogue est en place et rencontrera les Burundais à l'intérieur et à l'extérieur du pays."Dans leur texte commun, le secrétaire général adjoint de l'ONU, Jan Eliasson, la présidente de la Commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, et la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, estiment qu'il "ne faut s'épargner aucun effort pour arriver à stopper les violences et trouver une solution politique" à cette crise.- Rébellion naissante -La situation s'est aggravée depuis la réélection contestée de M. Nkurunziza le 21 juillet, et les violences opposent désormais les autorités à des groupes de contestataires armés.Depuis fin avril, au moins 240 personnes ont été tuées et plus de 200.000 personnes ont quitté le pays, selon l'ONU.La prise de position de l'ONU, l'UA et l'UE répond aux attentes de l'opposition burundaise et de la société civile - toutes deux désormais essentiellement en exil - regroupées dans une coalition, le Cnared, qui s'est déjà dite "disponible pour contribuer à une résolution pacifique de la crise".Mais Bujumbura, qui prône un dialogue national organisé sur le sol burundais, a exclu "totalement" jusqu'ici toute négociation avec le Cnared, dont il accuse les membres d'être impliqués dans la tentative déjouée de coup d'Etat militaire du 13 mai et d'être derrière la rébellion naissante au Burundi.M. Eliasson, et Mmes Dlamini-Zuma et Mogherini se disent "alarmés par les divisions toujours plus profondes, les menaces pour de nombreuses vies supplémentaires et la crise régionale profonde" qui découlent des troubles au Burundi.Le Conseil de sécurité de l'ONU devait se prononcer jeudi sur une proposition de résolution française.Dans une première version divulguée lundi, le projet de résolution menaçait de sanctions les dirigeants burundais qui incitent à la violence.Mais la version finale rendue publique mercredi est moins explicite, appelant le Conseil de sécurité à "prendre les mesures adéquates" pour mettre un terme au cycle de violences.Le projet de résolution demande aussi au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon de présenter des mesures d'ici 15 jours visant au renforcement de la présence de l'ONU au Burundi, y compris un éventuel déploiement de Casques bleus dans le pays.La communauté internationale craint des violences à grande échelle, certains durs du pouvoir ayant récemment multiplié les propos incendiaires aux connotations ethniques, dans un pays à l'histoire post-coloniale jalonnée de massacres entre Hutu et Tutsi et sorti il y a moins de dix ans d'une longue guerre civile qui a fait quelque 300.000 morts entre 1993 et 2006.
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