Sénégal: un célèbre journaliste, Latif Coulibaly, condamné pour diffamation

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DAKAR (AFP)

Un célèbre journaliste du Sénégal, Abdou Latif Coulibaly, très critique envers le pouvoir en place, a été condamné mardi à un mois de prison avec sursis pour "diffamation" envers un conseiller du président Abdoulaye Wade, qu'il avait accusé d'être au centre d'une affaire de corruption.

Le procès de ce journaliste, qui va faire appel de sa condamnation selon l'un de ses avocats, s'était déroulé le 14 septembre devant un tribunal de Dakar et a tenu en haleine le Sénégal où des opposants et des organisations de la société civile ont pris sa défense.

"Le tribunal reconnaît Abdou Latif Coulibaly coupable de diffamation", indique le jugement qui condamne à la même peine deux autres journalistes, Aliou Niane et Alioune Badara Coulibaly, collaborateurs de Abdou Latif Coulibaly, pour "complicité de diffamation".

Les trois prévenus et leur journal, l'hebdmadaire La Gazette sont également condamnés à payer "20 millions de FCFA (environ 30.500 euros) à titre de réparations" à Thierno Ousmane Sy, conseiller du président Wade pour les Technologies de l'information et la communication (TIC) et fils du ministre sénégalais de la Justice, Cheikh Tidiane Sy.

L'hebdomadaire La Gazette, dirigé par M. Coulibaly, avait affirmé que "des étrangers, en association avec des nationaux très haut placés dans les structures de l'Etat s'étaient partagé 40 millions de dollars" de commissions, en 2007, dans le cadre de la vente d'une licence de téléphonie au groupe soudanais Sudatel.

Puis La Gazette avait annoncé, en Une, que Thierno Ousmane Sy était parmi les Sénégalais "identifiés comme étant au centre du scandale".

Outre ses activités de journaliste, Abdou Latif Coulibaly est directeur d'une école privée de journalisme et de communication à Dakar et l'auteur de plusieurs livres d'enquêtes très critiques envers la gestion du président Abdoulaye Wade et de son fils Karim, ministre d'Etat chargé de de l'Energie, de la coopération internationale, des transports aériens et des infrastructures.

Le jugement a été rendu en présence de M. Coulibaly et de ses deux confrères condamnés avec lui mais en l'absence du conseiller du président sénégalais en TIC, Thierno Ousmane Sy.

"On a gagné", s'est écrié Me El Hadji Diouf, un des avocats de M. Sy, à l'annonce du jugement.

"C'est une grande victoire de la vérité.Abdou Latif Coulibaly est peut-être un patriote et un grand journaliste mais cette fois, il s'est trompé.Il ne pourra jamais prouver une responsabilité de Thierno Ousmane Sy sur des commissions versées" à des Sénégalais et des étrangers dans l'attribution de la licence à Sudatel, a ajouté M. Diouf.

Dans un communiqué rédigé à l'avance et distribué à la presse quelques minutes après l'annonce du jugement, La Gazette estime n'être "pas surpris par ce verdict qui confirme naturellement la tendance fâcheuse des juridictions sénégalaises qui, trop souvent, interprètent et appliquent la loi sur les délits de presse en général et la loi sur la diffamation en particulier de façon restrictive et mécanique".

"Le juge se trouve ainsi réduit à un simple exécutant d'une volonté de museler la presse", ajoute le journal.

"Nous allons interjeter appel.Cette décision, je ne la comprends pas.Elle m'inquiète par rapport (à l'avenir) du journalisme d'investigation" au Sénégal, a déclaré à la presse Me Ali Fall, un des avocats de M. Coulibaly.

Un "jury d'honneur" composé de membres de la société civile, avait en septembre conclu à l'innocence de M. Coulibaly.

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