Le chef du gouvernement d'union nationale libyen, Fayez al-Sarraj, tentait jeudi d'installer son pouvoir à Tripoli avec le soutien de la communauté internationale, dont les Européens qui ont sanctionné de hauts responsables accusés d'"obstruction".
L'UE a adopté des sanctions contre trois poids lourds des deux autorités rivales qui se disputent le pouvoir et s'opposent depuis des semaines à l'installation en Libye du gouvernement d'union formé sous l'égide de l'ONU.
Ces mesures d'interdiction d'entrée dans l'UE et de gel des avoirs visent les présidents des parlements de Tobrouk (est), Aguila Saleh, et de la capitale, Nouri Abou Sahmein, ainsi que le chef du gouvernement de Tripoli, Khalifa al-Ghweil.
Bruxelles a annoncé ces premières sanctions contre des responsables libyens actuels au lendemain de l'arrivée à Tripoli de Fayez al-Sarraj, le chef désigné du gouvernement d'union venu de Tunis à bord d'un navire militaire libyen.
Cette arrivée a fait monter la tension à Tripoli où des tirs d'origine indéterminée ont été entendus mercredi soir et des hommes armés sont entrés de force au siège d'une télévision dont la retransmission a été interrompue.
Mais la capitale offrait jeudi un visage quasi-normal: les commerces et banques ont rouvert et les vols ont repris à l'aéroport de Mitiga après avoir été suspendus la veille pour "raisons de sécurité", selon des journalistes de l'AFP.
"Les réactions sont meilleures que ce que nous espérions", s'est félicité un conseiller du chef du gouvernement d'union.
En soirée, quelque 300 personnes, hommes, femmes et enfants ont apporté leur soutien au gouvernement d'union en manifestant sur la "place des martyrs", dans le centre de Tripoli.
"Le peuple veut le gouvernement d'union.Dégage Ghweil", ont-elles scandé en brandissant des drapeaux libyens.
L'arrivée à Tripoli de M. Sarraj et de plusieurs membres du conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale a été saluée comme une "étape importante dans la transition démocratique" par l'émissaire de l'ONU en Libye, Martin Kobler et par l'Otan.
Elle a été également applaudie par la Tunisie voisine, l'Italie et d'autres pays occidentaux qui souhaitent qu'une autorité unifiée s'affirme afin de sortir la Libye du chaos dans lequel elle se trouve depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011.
Cette stabilisation est jugée indispensable pour lutter contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui s'est implanté autour de Syrte, à l'est de Tripoli.
- "Réconciliation" -
Lors de sa première intervention mercredi, M. Sarraj s'est engagé à faire de la "réconciliation et du règlement de la crise sécuritaire et économique" sa priorité.
Mais la tâche qui l'attend est immense pour rapprocher les deux autorités rivales qui lui contestent le pouvoir.
Dans l'immédiat, sa priorité va être d'installer son administration à Tripoli.On ignore où siègera dans l'immédiat le gouvernement de 18 ministres, censés représenter les différentes composantes libyennes.
M. Sarraj s'est entretenu jeudi avec des personnalités politiques, des maires et des élus.
"Nous avons commencé à travailler aujourd'hui", a déclaré à l'AFP Moussa el-Koni, vice-président du conseil présidentiel.
Ce gouvernement d'union a été mis en place après un accord politique signé fin 2015 au Maroc, sous l'égide de l'ONU, par des députés des deux Parlements rivaux et ce, malgré l'opposition des chefs de ces institutions.
Pour être officiellement investi, il devait obtenir la confiance du Parlement de l'est, basé à Tobrouk.Après plusieurs échecs faute de quorum, l'entrée en fonction du gouvernement a finalement été proclamée le 12 mars sur la base d'un communiqué de soutien publié par une centaine de parlementaires de Tobrouk (sur 198).
La coalition de milices Fajr Libya qui contrôle Tripoli a dénoncé l'arrivée de M. Sarraj comme "illégale".
"Leur entrée (...) va aggraver la situation, faire couler le sang (des Libyens) et plonger le pays dans des difficultés encore plus graves", a réagi Mahmoud Abdelaziz, membre du Congrès général national (parlement non reconnu) à l'AFP.
Le chef du gouvernement non reconnu, avait appelé mercredi M. Sarraj et ses conseillers à "se rendre ou revenir sur leurs pas", au risque sinon d'"assumer les conséquences légales".
Le conseil présidentiel a lui exhorté jeudi la population "à faire preuve de contrôle de soi (...), ne pas recourir à la violence et préserver la sécurité de la capitale".
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