Anachronique, le franc CFA ? Réunis à Yaoundé, les ministres des Finances de la zone franc ont défendu samedi l'utilité de leur monnaie commune, présentée comme un "gage de stabilité" dans un contexte de turbulences liées à la baisse des cours des matières premières.
"Aucune structure monétaire n'est parfaite, nous en sommes conscients".Mais le franc CFA "a fait ses preuves en termes de stabilité monétaire", a déclaré le ministre camerounais des Finances, Alamine Ousmane Mey, à l'issue d'une rencontre consacrée à la situation économique de la zone franc.
"Les relations de coopération de la zone ne sont pas figées, elles ne sont pas statiques", a-t-il toutefois ajouté, évoquant l'existence d'"échanges francs entre partenaires" sur cette question.
�?changes commerciaux, accords douaniers, problèmes fiscaux...Le sommet de la zone franc, qui réunit deux fois par an la France et les 15 pays africains de la région, est l'occasion de faire le point sur les réformes économiques à mener entre les pays membres.
Mais aussi ,bien souvent, de discuter de l'avenir du franc CFA, objet d'interrogations persistantes depuis sa création voilà 70 ans, et pourtant toujours en place, malgré les critiques de certains économistes, qui prônent son abandon.
"Ce sont des questions qui reviennent souvent", a reconnu Tiémoko Meyliet Kone, gouverneur de la Banque centrale des Etats ouest africains (BCEAO), en prenant lui aussi la défense de la monnaie commune.
"Si nous ne trouvions pas notre intérêt à cet accord de coopération, nous n'aurions aucune raison d'y rester", a-t-il ajouté.
Le "CFA", utilisé par 155 millions d'habitants, est lié à l'euro par un système de parité fixe.Pour garantir cette parité, les Etats africains doivent déposer 50% de leurs réserves de change auprès du Trésor français.
Ce lien fort avec l'euro est considéré par beaucoup comme un gage de stabilité.Mais le système est aussi accusé par certains de freiner le développement de l'Afrique et de lui faire perdre une part de sa souveraineté, en obligeant les Etats concernés à calquer leur politique monétaire sur celle de la zone euro.
Des inconvénients suffisants pour pousser à l'adoption d'une monnaie 100% africaine?"Tôt ou tard, c'est une discussion qu'il faudra ouvrir, au regard également des difficultés que traverse l'Europe depuis quelques années", a estimé jeudi le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré.
- problèmes d'endettement -
Interrogé à ce sujet lors d'une conférence de presse, le ministre des Finances français Michel Sapin a assuré, pour sa part, être "disponible" pour discuter d'éventuelles évolutions, ajoutant que l'avenir du franc CFA n'était en rien un "tabou".
La France n'est "pas là pour décider à la place des pays concernés.Si des idées, si des propositions sont faites par les responsables politiques des pays concernés, la France est évidemment ouverte à toute évolution", a assuré M. Sapin.
Le franc CFA offre néanmoins "une garantie de stabilité que je crois particulièrement bienvenue, en particulier lorsque des pays traversent des turbulences, ce qui est le cas" aujourd'hui, a-t-il poursuivi.
Les pays de la zone franc, composée de deux sous-ensembles (l'UEMOA en Afrique de l'Ouest et la CEMAC en Afrique centrale), ont vu leurs recettes chuter lourdement depuis 2014, en raison de la baisse des cours du pétrole, mais aussi du bois, du fer ou du coton.
"Les Etats de la zone ont de moins en moins de réserves de change.Certains ont des arriérés de paiement et des difficultés pour verser les salaires", s'inquiète une source proche des discussions, qui redoute une spirale "d'endettement".
Selon le Fonds monétaire international (FMI), les pays de la CEMAC, les plus menacés par la baisse des cours, pourraient enregistrer un déficit de leurs comptes courants de 8% du PIB (Produit intérieur brut) en 2016, alors qu'ils se trouvaient dans une situation de quasi équilibre en 2013.
Le choc lié à la baisse des cours "est très violent", a reconnu le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, appelant les pays à stabiliser "l'effort d'investissement public", mais aussi à se tourner vers le FMI pour obtenir des conditions d'emprunt plus favorables.
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