Les critiques se sont amplifiées lundi en Egypte parmi l'opposition et les ONG contre les "trucages", violences et obstructions avant les élections législatives de dimanche prochain, que le pouvoir promet "transparentes" mais sans concessions en matière de sécurité.
Les Frères musulmans, dont plusieurs manifestations ont donné lieu vendredi à des heurts avec les forces de l'ordre, ont dénoncé le "trucage" du scrutin auquel ils présentent 130 candidats pour 508 sièges en lice.
La confrérie islamiste, première force d'opposition du pays, a indiqué que depuis l'annonce début octobre de sa participation au vote, 1.200 de ses militants ont été arrêtés, dont 500 sont toujours détenus.
Les médias ont quant à eux fait état de dizaines d'inculpations sous des motifs divers de membres des Frères musulmans, organisation interdite même si tolérée dans les faits, après leur arrestation lors de manifestations principalement à Alexandrie et dans le delta du Nil.
Le parti libéral al-Wafd, première formation de l'opposition laïque, a lui aussi déploré un climat de violence et de pressions.
"Nous sommes soumis à de nombreuses violences de la part de sbires du PND (Parti national démocrate, au pouvoir) d'Assouan à Alexandrie", a déploré un haut responsable du Wafd, Wafiq al-Ghitani, cité par le quotidien Daily New Egypt.
Des ONG égyptiennes, sollicitées par le pouvoir pour contrôler les opérations de vote et de dépouillement, ont quant à elles menacé de boycotter cette mission en raison d'entraves bureaucratiques à leur travail.
"Au moment où le gouvernement refuse la supervision internationale, il refuse également pratiquement la supervision de la société civile", a déclaré Hafez Abou Seada, directeur de l'Organisation égyptienne des Droits de l'Homme (OEDH) et membre d'un collectif de 123 ONG égyptiennes.
Le gouvernement, qui refuse catégoriquement la présence d'observateurs étrangers, fait valoir que la supervision par des ONG locales est suffisante pour garantir la régularité du scrutin.
M. Abou Seada a assuré que quatre personnes avaient déjà trouvé la mort au cours de la campagne, sans toutefois donner plus de détails, et prévenu que les violences pourraient s'aggraver.
Les élections égyptiennes ont, par le passé, été ternies par des violences et des accusations de fraude au profit du PND du président Hosni Moubarak, qui dispose de près des trois quarts des députés sortants.
Le Premier ministre égyptien Ahmed Nazif est quant à lui monté au créneau pour assurer que le scrutin serait "libre et transparent".
"Nous allons prouver au monde que nous sommes capables de gérer le processus électoral d'une manière intègre", a-t-il déclaré.
Son ministre de l'Intérieur, Habib el-Adli, a toutefois affirmé que "les forces de sécurité agiront avec toute la fermeté nécessaire" face à quiconque "tenterait de porter atteinte à la stabilité" en période électorale.
"Les manifestations ne font pas partie des mécanismes de la campagne électorale et peuvent provoquer des émeutes", a-t-il souligné, en déplorant que certains s'en servent à des fins politiques "qui contredisent les intérêts suprêmes de l'Etat".
Des voix se sont élevées à l'étranger au cours des derniers jours, de la part des Etats-Unis et de l'organisation Amnesty International notamment, pour réclamer un scrutin libre.
Ces législatives seront suivies dans un an par une élection présidentielle, pour laquelle le président Moubarak, 82 ans, au pouvoir depuis près de 30 ans, n'a pas exprimé ses intentions.Son entourage en revanche assure qu'il se présentera pour un nouveau mandat.
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