Votez "contre les coups d'Etat": le président ivoirien Laurent Gbagbo est parti lundi à la conquête de la commune d'Adjamé, un quartier populaire d'Abidjan qui est l'un des bastions d'Alassane Ouattara, son rival du second tour de la présidentielle dimanche.
Malgré une pluie battante, des dizaines de milliers de ses partisans avaient pris d'assaut le terrain vague jouxtant la cité universitaire de Williamsville.
Face à ses fidèles, Gbagbo a poursuivi l'offensive qu'il mène depuis quelques jours: il accuse désormais ouvertement Ouattara, un ancien Premier ministre (1990-1993) d'être l'auteur du putsch raté de 2002 qui a abouti à la prise de contrôle du nord du pays par une rébellion.
"Ce n'est pas une élection banale pour choisir un chef de l'Etat, c'est pour mettre fin à onze ans de coups d'Etat", commence le président sortant.
"Je suis au second tour face à celui qui a fait tous les coups d'Etat en Côte d'Ivoire" depuis 1999, assène-t-il.
Arpentant la tribune micro en main, Gbagbo pilonne l'alliance entre son rival et l'ex-chef d'Etat Henri Konan Bédié (1993-1999), défait au premier tour le 31 octobre.Les deux alliés s'étaient farouchement combattus pendant de longues années, jusqu'à leur réconciliation en 2005.
"Ce sont des losers (des perdants), ce sont des éternels perdants.Mais ils ne savent pas qu'ils sont dépassés.Le 28 novembre, allons leur expliquer que leur temps est passé et dépassé!", exhorte Gbagbo sous les hourras.
Il charge Bédié: "on dirait qu'il a bu du nassidji", une potion aux vertus hallucinatoires et au nom dioula, l'ethnie de Ouattara.
S'en prenant encore aux deux hommes, il va jusqu'à dire: "c'est l'histoire de la fille violée qui tombe amoureuse de son violeur".
Mais il n'oublie pas de solliciter les militants du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, ex-parti unique) de Bédié.
"Allez dire à tous ceux qui sont du PDCI de venir!Nous allons construire la maison, (...) nous allons l'achever", conclut le président-candidat.
Dans ce quartier où Ouattara est arrivé largement en tête au premier tour, les jeunes militants du candidat Gbagbo repartent gonflés à bloc.
"Il ne cherche pas ses intérêts personnels mais celui de son pays", affirme Laëtitia, trempée dans un T-shirt à l'effigie de son mentor.
"Grâce à Gbagbo nous pouvons nous prendre en charge et assumer notre indépendance", soutient Sandra.
A la fin du meeting, il y a de l'électricité dans l'air.Aux sympathisants qui s'éloignent aux cris de "Gbagbo président!", des partisans d'Alassane Dramane Ouattara ("ADO") répondent en reprenant le slogan: "ADO solutions!ADO solutions!"
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