Le principal groupe armé du sud pétrolifère du Nigeria, le Mend, a affirmé mardi avoir attaqué et détruit un oléoduc dans le delta du Niger, ce qui a été démenti par une source militaire dans la région.
"Aucune attaque ne nous a été rapportée", a déclaré à l'AFP le colonel Timothy Antigha, porte-parole des forces armées dans le delta.
Le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend) a affirmé dans son communiqué adressé par courriel à la presse "avoir attaqué et détruit, dimanche 21 novembre, vers 02H00, un oléoduc" alimentant en brut la raffinerie d'Obidi, à Warri dans l'Etat du Delta.
Lundi, ce groupe avait menacé de paralyser l'industrie pétrolière après l'annonce par l'armée de l'arrestation de dizaines de militants.
L'armée a affirmé samedi avoir capturé, au terme d'une opération de huit heures la veille, 62 militants ainsi que leur chef, soupçonnés d'avoir pris en otage 19 employés du secteur pétrolier.
Ce raid militaire dans l'Etat de Rivers, au coeur du sud pétrolifère, s'était déroulé quelques jours après que l'armée eut libéré les 19 otages: douze Nigérians, deux Français, deux Américains, un Canadien et deux Indonésiens.
Le Mend avait revendiqué le rapt de 14 de ces 19 otages.
Il a prévenu mardi que l'attaque de l'oléoduc d'Obidi "ainsi que des attaques similaires qui auront lieu dans les prochains jours, visent à rappeler au gouvernement nigérian qu'il est futile de gaspiller les ressources du pays en combattant les militants sans s'attaquer aux causes sous-jacentes de l'agitation dans le delta du Niger".
"Tous les militants +prétendument capturés+ par l'armée nigériane circuleront bientôt dans le delta du Niger à bord de voitures de luxe", s'est moqué le Mend qui a assuré que la soixantaine d'hommes que l'armée affirme avoir arrêtés se sont en réalité rendus d'eux-mêmes dans la perspective de compensations financières négociées avec les autorités.
Le Mend, apparu en 2006, affirme lutter pour une plus juste répartition de la manne pétrolière à la faveur des populations pauvres du delta.
Tout comme d'autres groupes armés de la région, il a multiplié les enlèvements d'employés du secteur pétrolier et les sabotages d'oléoducs ces dernières années, réussissant à faire plonger un temps la production de brut du 8e exportateur mondial.
Les violences dans la région avaient nettement reculé suite à une amnistie présidentielle offerte en 2009 aux combattants qui déposeraient les armes et que de nombreux militants avaient acceptée.
Mais attaques et enlèvements reprennent depuis quelques mois, menaçant à nouveau la production pétrolière qui atteint actuellement environ 2,2 millions de barils par jour.
Cette recrudescence des tensions intervient à l'approche d'élections générales prévues en avril 2011 et l'actuel président Goodluck Jonathan, candidat est sous pression pour régler les problèmes du delta du Niger dont il est originaire.
Le Mend est généralement présenté comme une organisation regroupant plusieurs mouvements armés.
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