L'opposant Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle censée avoir lieu avant la fin de l'année en République démocratique du Congo, était entendu lundi après-midi et depuis plusieurs heures par la justice pour répondre d'accusations de "recrutement de mercenaires étrangers".
Vers 16h00 (14h00 GMT), M. Katumbi, qui a qualifié ses ennuis judiciaires de "basses manoeuvres du pouvoir" destinées à lui "nuire", était toujours entendu à huis clos par un magistrat du parquet de Lubumbashi (sud-est de la RDC), depuis près de cinq heures, selon le correspondant de l'AFP dans cette ville.
A l'extérieur du palais de justice de la deuxième ville du pays, des centaines de ses partisans attendaient dans le calme, contenus par un cordon de policiers à quelque 300 mètres du bâtiment.
Vêtu d'un costume blanc, l'ancien gouverneur du Katanga, ex-allié du président congolais Joseph Kabila passé à l'opposition en septembre, s'était présenté au palais de justice peu après 10h00 (08h00 GMT) entouré de centaines de partisans chantant des slogans à sa gloire mais aussi hostiles au chef de l'�?tat.
Son audition a commencé vers 11h00 locales.Vers 15h00, il est sorti brièvement de la salle d'interrogatoire sous bonne escorte des policiers avant que son audition ne reprenne.
M. Katumbi a fait connaître mercredi sa décision de se porter candidat à la prochaine présidentielle, quelques heures après que le ministre de la Justice congolais Alexis Thambwe Mwamba eut annoncé l'ouverture d'un "dossier judiciaire" à son encontre après l'arrestation de ses quatre gardes du corps, parmi lesquels un Américain.
Richissime homme d'affaires, M. Katumbi, propriétaire du célèbre club de football TP Mazembe, a qualifié de "mensonge grotesque" les allégations selon lesquelles il aurait recruté des mercenaires.
Selon lui, l'Américain détenu par les autorités était chargé d'"organiser" sa sécurité pour pallier au retrait de la protection policière dont il bénéficiait quand il était gouverneur de la province du Katanga.
- 'Manoeuvres d'intimidation' -
Dans un communiqué consacré à son affaire, l'organisation américaine de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) dénonce lundi des "manoeuvres d'intimidation à l'encontre d'un candidat à la présidence".
L'enquête en cours "semble inspirée par des motifs politiques" contre M. Katumbi, âgé de 51 ans, et "ses proches partisans", écrit HRW, affirmant ainsi que 27 d'entre eux ont été arrêtés "entre le 22 avril et le 7 mai à Lubumbashi".
En démissionnant de ses fonctions de gouverneur du Katanga (région grande comme l'Espagne qui a depuis lors été éclatée en quatre nouvelles provinces), M. Katumbi avait annoncé également qu'il quittait le parti du président Kabila en accusant celui-ci de chercher à s'accrocher au pouvoir.
Le climat politique est très tendu depuis des mois en RDC en raison de l'incertitude liée au très probable report de l'élection présidentielle censée avoir lieu avant la fin de l'année.
Aux termes de la Constitution, M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, et dont le mandat se termine en décembre, n'a pas le droit de se représenter.
L'opposition accuse le chef de l'�?tat, qui entretient le flou autour de ses intentions et de son avenir politique, de chercher à tout faire pour se maintenir à la tête du pays au-delà du terme de son mandat, quitte à retarder la tenue de la présidentielle.
Charismatique et populaire bien au-delà du seul Katanga, M. Katumbi est considéré comme un candidat sérieux à la prochaine présidentielle.
Sa candidature est soutenue par le "G7", groupe de sept partis passés eux aussi à l'opposition en septembre, et par une autre plate-forme politique comptant quelques députés à l'Assemblée nationale.
Pour Olivier Kamitatu, porte-parole du G7, M. Katumbi est "devenu un homme à abattre".Selon le ministre des Affaires étrangères belge, Didier Reynders, M. Katumbi a demandé samedi "la protection" de la Belgique, ancienne puissance coloniale au Congo, en se disant "inquiet pour sa situation personnelle".
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