La volonté affichée par le Nigeria de faire cesser la violence dans le sud pétrolifère pourrait n'être qu'une tentative pré-électorale visant à démontrer que les autorités ont la situation en main, estiment des analystes.
La récente recrudescence des attaques menées par des groupes armés contre le très lucratif secteur pétrolier a accru la pression sur le président Goodluck Jonathan, originaire de la région et candidat à sa succesison en 2011.
Plus de 50 personnes, dont des employés nigérians et expatriés de ce secteur, ont été enlevées au cours du trimestre écoulé dans le delta du Niger, coeur de la production pétrolière du 8e exportateur mondial de brut.
Ce retour de la violence fait suite à une période d'accalmie après une aministie présidentielle offerte en 2009 aux groupes armés.La trêve a permis à la production de remonter à environ 2,2 millions de barils par jour actuellement, contre un million au plus fort des troubles.
Face à la menace que présentent les attaques pour la réputation de Goodluck Jonathan, les forces de l'ordre ont riposté en annonçant l'arrestation de quelque 500 activistes soupçonnés de sabotages et enlèvements depuis deux mois.
Mais ces coups de force n'auront pas forcément les effets escomptés, à savoir une véritable pacification de la région, craignent des observateurs.
Ce sont des actions qui ont "des motifs politiques, pour démontrer que Jonathan à sa région sous contrôle", a estimé un diplomate occidental.
"Je ne pense pas que cela durera éternellement.Il y a toujours un potentiel très important pour que les choses tournent mal", a poursuivi la source ayant requis l'anonymat.
Des observateurs jugent que l'amnistie, qui avait conduit quelque 20.000 combattants à déposer les armes, n'a pas apporté les réponses qu'attendaient les jeunes chômeurs du delta.
"Dans le meilleur des cas, le programme d'amnistie est perçu comme ayant été bâclé et laissant sur le carreau" des bénéficiaires potentiels, selon l'analyste politique Chidi Odinkalu.
Le "manque de préparation" du chef de l'Etat face à la crise du delta "a été plutôt surprenant", juge-t-il.
Pour Anyakwee Nsirimovu, du centre de recherche Institute of Human Rights and Humanitarian Law, basé dans le delta, la résurgence de la violence est "le fruit d'un échec des dirigeants".
Le principal groupe armé de la zone, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend), qui affirme se battre au nom d'une plus juste répartition de la manne pétrolière, a multiplié les attaques violentes depuis son apparition en 2006.
Il s'est moqué des annonces de l'armée concernant la capture de combattants, assurant qu'ils s'étaient rendus dans la perspective de compensations financières promises par Goodluck Jonathan.
Le vol de brut prélevé directement sur les oléoducs qui quadrillent le delta ainsi que les enlèvements contre rançons sont des activités très lucratives auxquelles s'adonnent de nombreux gangs criminels.
Le Mend est perçu comme une organisation regroupant plusieurs mouvements, une sorte d'"autocollant" ou de "franchise", "un peu sur le principe d'Al Qaïda", dépourvu d'une réel commandement central, estime Marc-Antoine Pérouse de Montclos, chercheur à l'Institut de recherche pour le développement (IRD).
"C'est un mouvement extrêmement fluide, difficile à identifier", estime ce spécialiste du Nigeria, soulignant la difficulté de "démêler ce qui ressort d'une activité purement crapuleuse (...) d'une revendication politique".
A cela s'ajoute la revendication par le Mend du double attentat d'Abuja (au moins 12 morts) le 1er octobre.Jusqu'alors, le groupe avait largement limité ses attaques au delta et fait des victimes quasiment exclusivement parmi les forces armées.
Henry Okah, présenté comme l'ex-dirigeant du groupe et accusé d'être le cerveau de l'attentat, est actuellement jugé pour terrorisme en Afrique du Sud.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.