A quatre jours du second tour de la présidentielle, l'opposant ivoirien Alassane Ouattara a tenté mercredi de calmer le jeu avec son rival Laurent Gbagbo, alors que la tension monte en fin de campagne.
Après avoir répliqué ces derniers jours au président sortant en l'accusant d'être arrivé au pouvoir en 2000 par un coup d'Etat, l'ex-Premier ministre a profité d'une rencontre avec la chefferie traditionnelle à Soubré (sud-ouest), en pleine région cacaoyère, pour appeler à un scrutin "dans la paix".
Alors que les incidents se multiplient à Abidan entre jeunes partisans des deux camps, comme mercredi après-midi dans le quartier de Yopougon, il interpelle ceux qui "sont en train de proférer des menaces et de créer la violence": "pour l'amour de la Côte d'Ivoire, arrêtez!Nous voulons vivre en paix dans notre pays", plongé dans une crise politico-militaire depuis 11 ans.
Le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la coalition qui le soutient, "veut des élections pacifiques, des élections pacifiées", insiste-t-il micro en main et casquette blanche vissée sur la tête.
A Soubré, Ouattara était arrivé en troisième position au premier tour le 31 octobre.Derrière l'ex-président Henri Konan Bédié, soutenu par les nombreux électeurs de son ethnie baoulé venus dans la région cultiver le cacao - dont le pays est premier producteur mondial - mais aussi derrière Laurent Gbagbo.
Dans la zone, la population est variée: autochtones bété (ethnie du chef de l'Etat), planteurs baoulé mais aussi malinké venus du nord du pays et qui appuient largement Ouattara.
Multiethniques, ces régions de forêt sont aussi parmi les plus sensibles: beaucoup redoutent des violences intercommunautaires après le second tour.
"Allez voter car vous serez protégés", rassure le candidat, pour qui "tous les Ivoiriens doivent se sentir chez eux partout en Côte d'Ivoire".
Se posant une fois de plus en "fils" du "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny, il prône "la réconciliation et le pardon".Mais sans se priver d'attaquer son adversaire.
"Oui, vous avez déjà menti pendant des années aux Ivoiriens, lui lance-t-il.Mais nous vous pardonnons les mensonges.Vous avez humilié de nombreux Ivoiriens.Moi, j'accepte l'humiliation.Vous avez même eu à tuer des gens.Je ne reviens pas sur toutes ces périodes douloureuses"."Nous pardonnons tout ce qui a été fait", jure-t-il.
Espérant que son alliance avec Bédié se traduira par des reports de voix conséquents, il dit vouloir "continuer l'oeuvre du président Houphouët et du président Bédié".
Il omet toutefois de dire que Bédié et lui s'affrontèrent durement pendant des années, le camp du premier accusant le second d'être un étranger, afin de lui barrer la route de la présidence.
Dans l'assistance, malgré les déchirements du passé entre héritiers d'Houphouët, certains repartent avec des certitudes.
"Je vais voter Ouattara les yeux fermés parce que c'est Bédié qui nous le recommande", explique Yao Kouadio, 69 ans, chef baoulé d'une petite bourgade.
Dans ce climat de tension, il dit ne pas avoir de crainte de représailles: "tout le monde sait que je suis pour Bédié.Même si je voulais, je ne peux pas m'en cacher, donc je n'ai pas peur.Mes frères bété le savent, depuis tout le temps que je vis avec eux!"
Pour Angèle Kanga Kouamé, épouse d'un chef de la commune de Yabayo, "ce sera comme pour toutes les élections: il y aura quelques problèmes, mais ça va passer.On est condamné à vivre ensemble".
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