Alors que les premiers des 80.000 pèlerins musulmans ont commencé à s'envoler vers la Mecque lundi soir, une polémique enflait mardi au Nigeria sur les subventions que leur accorde l'Etat, en pleine crise économique.
Pour faciliter leur hajj, l'�?tat nigérian aide chaque année des dizaines de milliers de musulmans grâce un système de subventions.Cette année, plus de 65.000 musulmans venant de familles défavorisées ont pu acheter des dollars à des taux préférentiels pour préparer leur voyage en Arabie Saoudite.
Mais alors que le premier exportateur de pétrole d'Afrique est en pleine récession économique, et que la devise nationale s'est effondrée en quelques mois de 199 nairas pour un dollar en mars à 318 nairas aujourd'hui, la mesure a déclenché de nombreuses contestations.
Le président Muhammadu Buhari, musulman originaire du nord du pays, s'est défendu d'accorder une quelconque faveur aux musulmans, rappelant qu'une aide similaire avait été accordée à 13.800 chrétiens pour effectuer leur pèlerinage à Jérusalem en octobre dernier.
"Tout ce que le gouvernement a fait pour les pèlerins nigérians, c'est d'autoriser un taux de change calculé selon le taux de l'époque où ils ont payé pour leur voyage en février dernier", s'est défendu dimanche Uba Mana, porte-parole de Commission nationale du Hajj, organisme qui s'occupe des subventions.
Le gouvernement a refusé de déterminer le coût exact de la mesure, mais The Vanguard, quotidien local, estimait samedi qu'il pourrait s'élever à 25 millions de dollars, le chiffre qui a lancé la polémique.
L'année dernière, le président Buhari avait laissé entendre que ce système de subventions religieuses devait cesser, et pourtant cette année, en pleine dévaluation de la monnaie, il n'aura jamais coûté aussi cher.
"Le sponsor gouvernemental pour les pèlerinages n'a aucune justification économique dans un pays pauvre, avec une économie en péril tel que le Nigeria", écrit Leo Igwe, éditorialiste et défenseur d'un Etat laïc.
"Aller en pèlerinage à la Mecque ou à Jérusalem ne contribue pas au développement économique d'un pays", poursuit-il, faisant écho à des nombreuses contestations sur Twitter et dans les journaux locaux.
Kyari Bukar, président du Nigeria Economic Summit Group, a dénoncé cette mesure, la qualifiant d'"insensible à un moment où des gens meurent de faim", dans le nord-est du pays, à cause de l'insurrection de Boko Haram."Cet argent pourrait être distribué aux réfugiés et déplacés internes du conflit par exemple."
Le Nigeria, pays de 170 millions d'habitants, est divisé entre un Sud chrétien et un Nord musulman.Dans une enquête menée par Win Gallup-International en 2102, il arrivait à la seconde place parmi les pays les plus religieux du monde avec 2% seulement de personnes se déclarant athées.
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