La Côte d'Ivoire retenait samedi son souffle à la veille du second tour d'une élection présidentielle historique après une décennie de crises politico-militaires et qui se déroule dans un climat de tension illustré par l'instauration d'un couvre-feu nocturne.
Quelque 5,7 millions de personnes sont appelées aux urnes dimanche pour cette élection à l'issue incertaine entre le chef de l'Etat sortant Laurent Gbagbo, 65 ans, et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara, 68 ans.
Avec respectivement 38% et 32% des suffrages, ils étaient arrivés en tête au premier tour le 31 octobre.
Six fois repoussé depuis la fin du mandat de M. Gbagbo en 2005, le scrutin est censé clore la crise née du putsch raté de septembre 2002, qui a coupé le pays en un sud loyaliste et un nord aux mains d'une rébellion rebaptisée Forces nouvelles (FN).
Entre le sortant, au pouvoir depuis 2000, et son rival, candidat pour la première fois, c'est une longue histoire d'accusations réciproques, qui sont ressorties dans l'entre-deux-tours, suscitant de fortes tensions et renforçant les craintes pour le jour du vote et surtout ses lendemains.
Pour assurer le "maintien de l'ordre" dans cette période délicate, un couvre-feu nocturne a été décidé par le président de samedi à mercredi, a annoncé le gouvernement.
La mesure ne s'applique pas aux "personnes impliquées dans l'organisation des élections", officiels de la Commission électorale indépendante (CEI), ainsi qu'aux observateurs et journalistes notamment.
L'annonce jeudi par M. Gbagbo de ce couvre-feu a provoqué une polémique à la fin de la campagne électorale, close vendredi.
Le chef de l'Etat a défendu une "mesure dissuasive pour quelques extrémistes", tandis que le camp de son rival a assuré vendredi qu'il ne respecterait pas cette décision qui est selon lui "la porte ouverte" aux "fraudes".
L'annonce du couvre-feu survient le jour même d'une visite à Abidjan du médiateur dans la crise ivoirienne, le président burkinabè Blaise Compaoré.Il devait rencontrer les deux candidats dans l'après-midi.
Signe de l'appréhension liée au scrutin et à ses suites, à Abidjan les habitants se pressaient samedi devant les guichets de banques et dans les marchés et supermarchés.
"Nous avons peur, c'est pourquoi je fais des provisions", confie à l'AFP Madeleine Hema, mère au foyer, dans le quartier de Marcory (sud).
Si un débat télévisé sans précédent et au ton presque cordial avait jeudi soir quelque peu détendu l'atmosphère, des échauffourées entre partisans des deux bords ont cependant jusqu'à la fin émaillé la campagne.
Un jeune militant pro-Gbagbo a été tué jeudi dans son bastion du centre-ouest, lors d'un de ces heurts qui ont fait de nombreux blessés à Abidjan et dans l'intérieur du pays.
La Haute commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, a critiqué samedi la violence des derniers jours, avertissant que cette situation "pourrait avoir des conséquences désastreuses".
Face aux périls, la sécurité a été renforcée.Le Centre de commandement intégré (CCI), état-major réunissant armée régulière et FN, a décidé de muscler son dispositif sur le territoire.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a de son côté annoncé le transfert de 500 hommes et d'une unité aérienne de sa mission au Liberia voisin pour renforcer l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci, plus de 8.500 hommes).
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