Dans la fine brume matinale, les Alexandrins se hâtent vers leur travail sans accorder d'importance aux législatives."Pas le temps de voter", lance Mohammed Hilal, un jeune vendeur, à deux pas d'un bureau de vote gardé par des policiers en civil.
"J'ai autre chose à faire", ajoute-t-il en arrangeant son étal de parfums et de portefeuilles.
Nombreux sont ceux dans cette grande ville méditerranéenne du nord de l'Egypte qui, comme lui, n'éprouvent que de l'indifférence, lorsque ce n'est pas de la méfiance, envers un processus électoral considéré comme joué d'avance.
"Que je vote ou pas, je ne vois vraiment pas ce que ça changerait.Ces élections n'ont aucun intérêt", dit Omar Mahmoud en préparant un petit plat de foul (fèves) aux oeufs pour son premier client de la journée.
"Les députés, c'est chacun pour soi.Dès qu'ils ont obtenu leur siège, on ne les voit plus", ajoute-t-il en haussant les épaules.
Passant dans un quartier couvert de banderoles pour un candidat du Parti national démocrate (PND), la formation du président Hosni Moubarak, Gamal Saïd, un chauffeur de taxi de 42 ans, tente d'expliquer son indifférence "totale" par une comparaison domestique.
Le PND, les élections, "c'est comme avec ma femme: j'aime le poisson, je lui dis d'en faire, elle dit +oui, oui+ et puis elle fait autre chose", dit-il en s'esclaffant."Alors je ne voterai pas.Je n'y crois pas.Ca ne sert absolument à rien".
Et bien qu'il affirme "aimer les Frères" musulmans, M. Saïd ne compte pas se déplacer car "c'est inutile".
La confrérie islamiste, qui avait réalisé à Alexandrie, lors des dernières législatives de 2005, son plus haut score au niveau national, ne présente que quatre candidats dans la ville après que cinq autres eurent vu leur dossier rejeté.
Le PND, qui ne fait pas mystère de sa volonté de contrer les islamistes, y présente cette année deux responsables du gouvernement: le ministre des Affaires juridiques Moufid Chehab et le secrétaire d'Etat au Développement local Mohamed Abdel Salam Mahgoub.
Pour beaucoup, c'est le signe que les candidats des Frères n'ont que très peu de chances d'être élus.
"Ils veulent faire passer Mahgoub par la force ici", assure Sobhi Saleh, député islamiste et rival du secrétaire d'Etat dans la circonscription de Raml.
C'est là que des heurts ont opposé la semaine dernière des partisans des Frères aux forces de l'ordre.La confrérie s'attend à ce que de nouvelles violences aient lieu dimanche dans des "points chauds" comme Raml, Mina al-Bassal ou Karmouz.
"Que Dieu nous vienne en aide pour ce qui va se passer à Raml", affirme un policier sous le couvert de l'anonymat.
En attendant, l'affluence dans les bureaux de vote reste très faible.
Devant l'école Sayyed Darwich, une dizaine de policiers en civil et un responsable local du PND attendent les électeurs.
Un petit groupe de femmes arrive pour voter, suivi par quelques jeunes hommes avec à la main des casquettes et des T-shirts à l'effigie du candidat du pouvoir Khaled Khaïri, qui viennent de leur être donnés.
Dans une école pour filles du centre-ville, à quelques dizaines de mètres de là, seuls quelques bulletins se trouvent dans les urnes.Les responsables attendent patiemment qu'un électeur accompagné de son fils, choisisse son candidat derrière un rideau bleu.
L'homme glisse son bulletin dans l'urne avant d'arborer un doigt marqué d'encre rose foncé, signe qu'il a voté.
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