Les autorités libyennes non reconnues ont affirmé mercredi avoir remis la gestion des principaux terminaux pétroliers du pays, dont elles se sont récemment emparées, à la Compagnie nationale du pétrole, même si elles continuent d'en assurer la surveillance.
Cette décision survient au moment où la communauté internationale s'alarme des risques d'une guerre ouverte entre ces autorités basées dans l'Est du pays et le gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli et soutenu par l'ONU.
"Les terminaux de Zoueitina, Brega, Ras Lanouf et Al-Sedra ont été remis à la compagnie nationale du pétrole (NOC)", a déclaré à l'AFP Ahmad Mesmari, porte-parole des forces dirigées par le général Haftar qui sont loyales aux autorités basées dans l'Est.
"La totalité du Croissant pétrolier est sous l'administration de la NOC", a-t-il dit en référence à cette région sur la côte nord-est où se trouvent les principaux terminaux du pays.
"L'armée (forces conduites par Haftar, ndlr) a achevé sa tâche et confié la mission de protéger (les terminaux) à des gardes" sous le contrôle du général Haftar, a-t-il ajouté.
Mustafa Sanalla, le président de la NOC --une instance liée au GNA-- est arrivé mercredi au terminal de Zoueitina, a rapporté l'agence de presse proche des autorités parallèles.Il a promis de relancer les exportations de pétrole, à commencer par celles via le terminal de Zoueitina.
Sur le site internet de la NOC, M. Sanalla a indiqué que "les équipes techniques avaient déjà commencé à évaluer (...) les réparations nécessaires (...) pour pouvoir relancer les exportations dans les délais les plus brefs".
Les autorités basées dans l'Est, qui ne reconnaissent pas la légitimité du GNA, se sont emparées entre dimanche et mardi des quatre terminaux du Croissant pétrolier, dont ceux d'Al-Sedra et de Ras Lanouf, les deux plus importants du pays.
Leur coup de force a suscité de nouvelles inquiétude de la communauté internationale, l'émissaire de l'ONU, Martin Kobler, mettant en garde contre la "division" de la Libye, toujours plongée dans l'instabilité près de cinq ans après la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi.
M. Kobler a rappelé que la résolution 2259 de l'ONU stipulait que les installations pétrolières du pays devaient être sous l'autorité du GNA.
A Tripoli, le chef du GNA Fayez al-Sarraj a appelé mercredi "toutes les parties" à "se réunir d'urgence autour d'une même table pour discuter d'un mécanisme permettant de sortir de la crise".
Affaibli par ce revers militaire, M. Sarraj est en plus contesté au sein même du gouvernement d'union.Deux de ses membres, les deux vice-Premiers ministres Ali al-Qatrani et Fathi al-Majbari, ont en effet proclamé leur soutien à l'opération du général Haftar dans le Croissant pétrolier.
Le GNA, installé depuis mars à Tripoli, est certes reconnu par la communauté internationale mais son influence ne s'exerce que sur une partie du territoire, essentiellement dans l'ouest.
Le général Haftar, considéré comme l'initiateur de l'offensive surprise lancée dimanche sur le Croissant pétrolier, a été promu mercredi maréchal par Aguila Saleh, le chef du Parlement qui soutient les autorités de l'Est, selon un communiqué de l'armée.
Personnage controversé, Haftar est considéré comme le principal obstacle au processus parrainé par l'ONU en vue de rassembler les parties libyennes.
"D'un point de vue politique et militaire, ces développements sont un énorme revers pour l'autorité du gouvernement soutenu par l'ONU (...) à Tripoli", a indiqué Claudia Gazzini, une analyste à l'International Crisis Group.
Mais, dit-elle, alors que certains, au sein du camp du GNA, poussent pour une opération militaire pour reprendre les terminaux, une telle tentative serait "désastreuse".
"Une première mesure urgente est nécessaire pour éviter l'escalade des tensions actuelles", selon elle.
La Libye a un besoin pressant de relancer sa production pétrolière, qui a été divisée par cinq depuis 2010, alors que le pays dispose des plus importantes réserves pétrolières d'Afrique (estimées à 48 milliards de barils).
Cinq ans après, le pays livré aux milices formées d'ex-rebelles, reste miné par les luttes de pouvoir et les violences meurtrières, ce qui a favorisé la montée en puissance du groupe jihadiste Etat islamique (EI).
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