Les services secrets gabonais ont placé sur écoute des membres de la mission d'observation déployée par l'Union européenne pour l'élection du 27 août et dont les conversations attestent de leurs doutes sur la sincérité du résultat, affirme l'hebdomadaire français Le Journal du Dimanche.
L'article du JDD, intitulé "Watergate au Gabon", a été qualifié d'opération d'"enfumage" par les autorités gabonaises.La mission "n'avait pas d'information comme quoi elle était sous écoute", a déclaré une porte-parole de l'UE.
L'hebdomadaire mentionne des extraits d'une vingtaine d'enregistrements, sans préciser comment il les a obtenus, et écrit qu'une des personnes écoutées a "formellement identifié sa propre voix".
Pour le journal, "les conversations enregistrées révèlent de lourdes suspicions de trucage" de la présidentielle, officiellement remportée par le président sortant Ali Bongo Ondimba face au candidat de l'opposition Jean Ping.
"Ils sont en train de chercher comment tricher et que ça ne se voit pas trop", déclare fin août un membre de la mission de l'UE, non identifié, selon un de ces extraits."Des urnes sont en cours d'acheminement à Libreville et vont faire la différence", ajoute-t-il.
Le 30 août, le responsable de la sécurité de la mission européenne signale à un interlocuteur qu'il y a eu "des modifications de chiffres cette nuit sur Wikipedia"."Ils ont gonflé la population du Haut-Ogooué ! C'est pas encourageant", poursuit-il.
Le lendemain, la victoire d'Ali Bongo est proclamée avec moins de 6.000 d'avance, grâce à un score de 95% dans le Haut-Ogooué (sud-est), fief de la famille Bongo, où la participation annoncée est de 99,93% des voix.
"Ils ont fait exactement ce que j'espérais qu'ils n'allaient pas faire", commente la chef adjointe de la mission de l'UE dans un échange cité par le JDD.
Pendant deux jours, des émeutes et des pillages ont éclaté dans le pays faisant trois morts selon le gouvernement et plusieurs dizaines selon l'opposition.Nombre de familles cherchent encore des parents disparus au moment des violences.
Jean Ping avait alors saisi la Cour constitutionnelle qui a rejeté son recours et Ali Bongo a officiellement été investi mardi pour un deuxième mandat.
Venus à l'invitation du gouvernement, les observateurs européens s'étaient montrés très critiques à l'issue du processus électoral, affirmant officiellement que l'analyse des résultats révélait "une évidente anomalie".
Vendredi, le gouvernement gabonais avait annoncé l'ouverture d'une enquête judiciaire sur la mission de l'UE au motif de "dysfonctionnements dommageables" en son sein.
Le ministre de la Communication Alain-Claude Bilie-By-Nze a donc estimé dimanche que l'article du JDD n'était qu'un "contre-feu"."C'est de l'enfumage pour maquiller l'implication de certains observateurs de l'Union européenne en faveur de l'opposition", a-t-il ajouté."Cette mission est sortie de son rôle: elle n'a été ni neutre, ni impartiale."
L'UE a rejeté ces accusations, assurant que sa mission avait travaillé en respectant les principes de "neutralité et de non interférence".Les observateurs européen, ont "travaillé, comme toujours, dans la pleine transparence en communiquant avec toutes les parties", a ajouté la porte-parole de l'UE.
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