Le principal parti d'opposition à l'ex-président Yahya Jammeh a remporté la majorité absolue aux élections législatives de jeudi en Gambie, premier scrutin depuis le départ en exil de l'ex-autocrate dont la formation contrôlait le Parlement depuis 20 ans.
Le Parti démocratique unifié (UDP) a remporté 31 des 53 sièges à pourvoir lors de ce scrutin, a annoncé vendredi matin le président de la Commission électorale (IEC), Alieu Momar Njie, proclamant les "résultats définitifs".
Le parti de M. Jammeh, l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC), qui détenait une majorité écrasante dans l'Assemblée sortante et avait présenté des candidats dans 29 circonscriptions, ne conserve que 5 sièges.
Cinq des 58 députés du Parlement monocaméral doivent encore être désignés par le chef de l'Etat Adama Barrow, candidat victorieux d'une large coalition à l'élection présidentielle du 1er décembre face à Yahya Jammeh.
Yahya Jammeh est parti en exil en Guinée équatoriale en janvier, à la suite d'une intervention militaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et d'une ultime médiation guinéo-mauritanienne pour le forcer à céder le pouvoir.
Déclaré battu de moins de 20.000 voix par Adama Barrow, après plus de 22 ans de pouvoir sans partage sur ce petit pays enclavé dans le territoire sénégalais, hormis sa façade atlantique, il a contesté pendant six semaines sa défaite.
La nette victoire de l'UDP, qui a fait élire 31 de ses 44 candidats, devrait donner une importante marge de manoeuvre à M. Barrow, qui en est issu, pour appliquer son programme de réformes.
"Nous sommes en position de force", s'est félicité un responsable du parti, Lamin Dibba, ministre du gouvernement Barrow."Notre première priorité sera de réviser la Constitution", a-t-il déclaré à l'AFP.
"Nous allons aussi nous assurer que l'Assemblée nationale représentera le peuple plutôt que le président", a ajouté M. Dibba, en allusion à la toute-puissance de l'exécutif sous M. Jammeh.
- Faible participation -
Adama Barrow appartenait à l'UDP avant d'en démissionner pour représenter la coalition contre Yahya Jammeh, dont les partis membres se présentaient séparément aux législatives.
Un des principaux enjeux de ce scrutin était de mesurer la capacité du parti de M. Jammeh, à surmonter son départ, ainsi que le poids respectif des partis de la coalition.
Le Congrès démocratique de Gambie (GDC), la formation de Mama Kandeh, arrivé en troisième position à l'élection présidentielle, loin derrière MM.Barrow et Jammeh, a obtenu cinq sièges, un résultat modeste par rapport à la percée espérée.
"Nous nous attendions à plus.C'est une surprise pour beaucoup d'entre nous", a affirmé Ebrima Nyang, un des 52 candidats du parti, qui n'a pas été élu.Malgré la déception, il a estimé que le scrutin avait été "transparent".
L'ONU a salué vendredi "le progrès réalisé par les Gambiens" avec le déroulement de ce scrutin "qui confirme la marche du pays vers la paix, la démocratie et la stabilité", dans un communiqué de son représentant spécial en Afrique de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas.
La participation a été particulièrement faible, s'établissant à 42%, a indiqué M. Njie, déplorant un manque de sens civique pour voter aux élections législatives.
Un peu plus de 886.000 électeurs, sur quelque 2 millions d'habitants, étaient appelés à choisir leurs parlementaires parmi 238 candidats issus de neuf partis politiques ou de listes indépendantes, un record de candidatures, selon l'IEC.
L'Union européenne, l'Union africaine et la Cédéao - dont les troupes sont toujours présentes en Gambie à la demande de M. Barrow - avaient déployé des observateurs pour ce scrutin législatif.
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