Parti gouvernemental hégémonique, islamistes laminés, opposition laïque marginale: les législatives ont permis au pouvoir en Egypte de consolider sa domination parlementaire avant la présidentielle de 2011, au prix d'accusations de fraude et de critiques internationales.
Les commentateurs étaient toutefois partagés mardi, au lendemain de la publication des résultats, entre ceux qui pensent que cette victoire affaiblit la "légitimité" du régime, et ceux qui estiment qu'elle lui offre une assemblée "sur mesure" en vue d'une succession du président Hosni Moubarak.
Le Parti national démocrate (PND), au pouvoir, "avait un besoin pressant de renouveler sa légitimité", mais avec cette élection au déroulement controversé "il a perdu en crédibilité", estime Ammar Ali Hassan, un éditorialiste du quotidien indépendant al-Masri al-Yom.
Pour Amr el-Chobaki, du centre al-Ahram d'études politiques, ces critiques sont secondaires face à l'objectif d'avoir pour cinq ans un Parlement le plus docile possible pour préparer, à l'intérieur des cercles du pouvoir, une succession éventuelle de M. Moubarak, 82 ans dont 29 à la tête de l'Etat.
"Ce Parlement est conçu sur mesure pour correspondre au projet de succession héréditaire", estime M. Chobaki en référence à une possible accession à la présidence du fils du président, Gamal Moubarak, proche des milieux d'affaires.
Au cas où un candidat venant de l'institution militaire serait choisi, il n'aurait aucun mal non plus à trouver des soutiens parmi une assemblée monocolore, dit-il.
Le politologue Emad Gad estime lui aussi que "rien n'est laissé au hasard: le PND a bien mené les législatives en vue de préparer la présidentielle", et décourager encore davantage toute candidature d'opposition ou indépendante.
Néanmoins Amr Hemzawi, du centre d'études américain Carnegie, estime que "le PND n'avait pas besoin d'une telle victoire pour la présidentielle".Le résultat final "fait peser beaucoup de pression sur lui" et "donne une image extrêmement négative de l'Egypte", assure-t-il.
Les résultats du scrutin achevé dimanche donnent 420 députés au PND sur 508 sièges en lice, soit 83% des sièges contre 70% dans l'assemblée sortante.
Face au PND, rien ou presque.
Les Frères musulmans, première force d'opposition du pays, se sont retirés du scrutin entre les deux tours en dénonçant des fraudes.Ils seront désormais absents des bancs de l'Assemblée du peuple où ils occupaient un cinquième des sièges.
"Le PND s'est assuré que rien ne lui échappe.Maintenant il dialogue avec lui-même.C'est une régression par rapport à la petite marge démocratique qui existait", estime Saad Katatni, chef du bloc parlementaire islamiste sortant.
L'opposition laïque n'a qu'une quinzaine de sièges soit environ 3%.Quand aux indépendants, aux alentours de 70, ils sont souvent prompts à se rapprocher du parti dominant, ou à en grossir les rangs une fois élus.
Les accusations de fraude et de violences n'ont cessé de s'amplifier contre le PND tout au long de la campagne et du vote, de la part d'observateurs indépendants égyptiens et de la presse non-gouvernementale.
Une fédération d'observateurs indépendants a jugé que l'ampleur des irrégularités posait la question de la "légitimité" de la prochaine assemblée et a appelé à sa dissolution.
Des critiques sur le déroulement du scrutin sont également venues des Etats-Unis et de l'Union européenne, qui ont exprimé leur "inquiétude".
Le gouvernement a réfuté l'existence de fraudes massives, parlant de simples irrégularités mineures sans conséquence pour la validité du vote, et balayé comme des "ingérences dans (ses) affaires" les critiques internationales.
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