Sous l'impulsion d'une nouvelle génération de réalisateurs, le cinéma égyptien commence à remonter la pente après deux décennies marquées par une faible production, surtout de films de qualité.
Les films égyptiens présentés cette semaine au Festival international du film de Dubaï (Diff), certains en première mondiale, touchent à des sujets nouveaux comme le harcèlement sexuel ou l'immigration clandestine, avec une audace remarquée par les critiques.
Avec "6,7,8", son premier long métrage, le réalisateur Mohammad Diab brosse ainsi un portrait sans complaisance de la société égyptienne, à travers trois femmes de différentes classes sociales, unies par leur décision de ne plus être les victimes silencieuses du harcèlement sexuel.
Il y a Fayza, mère de famille et employée du cadastre, forcée de prendre chaque jour les bus bondés et d'y subir les attouchements les plus répugnants, Siba, la grande bourgeoise victime d'une agression collective, et Nelly, la comédienne qui riposte en pleine rue à son agresseur.
Fayza, encouragée par ses amies, décide de se défendre à coups de canif, Siba organise des cours d'autodéfense et Nelly devient la première égyptienne à oser porter son cas devant la justice.
"Le film est inspiré d'histoires vraies.Même lorsque nous tournions certaines scènes, les actrices ont été harcelées", assure le réalisateur.
Mohammad Diab affirme avoir "pris des risques énormes" en se lançant dans cette aventure."Mais j'ai eu de la chance d'avoir trouvé un producteur croyant en moi et ne cherchant pas un gain financier immédiat".
Plusieurs de ces nouveaux films sont même auto-financés et réalisés en numérique, et évitent autant que possible d'avoir recours aux stars du cinéma égyptien qui exigent des cachets astronomiques.
"Exit" (sortie), également un premier film de Hesham Issawi, relate une histoire d'amour contrariée entre une copte (chrétienne) et un musulman, qui lui demande de fuir le pays avec lui ou de se débarrasser de son bébé.Amal refusera les deux options et laissera Tarek prendre l'un des bateaux qui conduisent les immigrants clandestins en Italie.
Quant à "Microphone", du réalisateur Ahmad Abdallah, il mêle le documentaire à la fiction dans un film sur les troupes musicales underground à Alexandrie.
"Microphone" a été sacré meilleur film arabe au Festival international de cinéma du Caire la semaine dernière.Il avait déjà été primé en octobre lors des Journées cinématographiques de Carthage où il avait obtenu le Tanit d'or.
Un autre film égyptien "Al-Shawq", de Khaled al-Hagar, avait remporté la Pyramide d'or, récompense suprême du Festival du Caire.
Ces dernières années, le festival du Caire avait eu des difficultés à trouver un film local assez bon pour représenter le pays pendant le festival tenu dans le Hollywood du monde arabe.
Peu de films produits ces 20 dernières années se sont distingués par leur qualité, en raison surtout des dictats des producteurs qui voulaient des films faciles à commercialiser.
La production des films égyptiens était tombée de quelque 85 films par an en moyenne dans les années 1980, à seulement 16 films à la fin des années 1990, en raison des difficultés de financement et de l'absence d'aide de l'Etat.
Mais "il semble que la production de 2010 parviendra à atteindre 25 films", assure le critique égyptien Ali Abou Chadi.
Les nouveaux films "parlent avec audace de sujets tabous", affirme Massoud Amrallah, directeur artistique du festival de Dubaï, où douze longs métrages sont en compétition pour le muhr (étalon) du meilleur film arabe.
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