Les autorités kényanes ont "violé le droit du public à l'information" en bloquant les diffusions de chaînes de télévision ayant défié une interdiction de retransmettre l'intronisation symbolique de l'opposant Raila Odinga comme "président du peuple", a soutenu mercredi l'organisation Human Rights Watch.
Les patrons de presse kényans avaient indiqué lundi dans un communiqué que le président Uhuru Kenyatta les avait convoqués pour menacer de "fermer et retirer les licences de tout média qui retransmettrait en direct" cette cérémonie de l'opposition prévue mardi dans un parc du centre de Nairobi, et dénoncé une "atmosphère d'intimidation".
Certaines chaînes ont toutefois défié cet ordre, notamment trois des principales chaînes d'information privées du pays, Citizen TV, KTN News et NTV, dont les transmissions ont été coupées.Ce bloquage a été condamné par des organisations de défense des droits de l'Homme, dont le Comité pour la protection des journalistes.
Ces chaînes, qui n'émettaient toujours pas mercredi matin à la télévision, avaient toutefois continué à diffuser en ligne l'"intronisation" de celui qui refuse de reconnaître la victoire de M. Kenyatta à la présidentielle de 2017 et a entrepris une campagne de désobéissance civile.
"Les autorités kényanes ont limité la couverture médiatique à un moment crucial, et violé le droit du public à l'information", a soutenu Otsieno Namwaya, chercheur pour HRW, cité dans un communiqué."Elles devraient immédiatement permettre à ces médias de reprendre leur travail".
"Le Kenya est sur une pente glissante en ce qui concerne les droits de l'Homme", a ajouté l'ONG, selon laquelle l'interdiction de diffuser l'événement de mardi illustre une "tendance (remarquée) depuis 2013", lorsque le président Kenyatta, réélu en 2017, a pris ses fonctions.
"Des responsables gouvernementaux ont intimidé, harcelé et menacé des organisations médiatiques, des journalistes et des blogueurs écrivant sur des sujets sensibles", a souligné HRW.Dans certains cas, "des journalistes et blogueurs critiques du gouvernement ont été physiquement attaqués ou tués".
Raila Odinga a prêté serment mardi comme "président du peuple", malgré l'avertissement des autorités qu'une telle investiture pourrait constituer un acte de "trahison".
Les conséquences de ce geste symbolique restent pour l'heure incertaines.L'opposant n'a pas prononcé le même serment que celui prévu par la Constitution pour l'investiture du chef de l'Etat, se proclamant par exemple "président du peuple", et non "président".
Mais le ministre de l'Intérieur Fred Matiang'i a qualifié de "groupe criminel organisé" le Mouvement national de résistance lancé par M. Odinga, qui doit mettre en oeuvre un programme de boycott et de désobéissance civile.
La réélection de M. Kenyatta en 2017 a été accompagnée de troubles qui ont fait 92 morts, selon des défenseurs des droits de l'Homme.
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