Crise ivoirienne: l'Afrique de l'Ouest choisit le dialogue, pour le moment

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ABUJA (AFP)

L'Afrique de l'Ouest privilégiait mercredi la négociation afin de résoudre la crise en Côte d'Ivoire, même si elle se préparait à une éventuelle opération militaire pour faire partir Laurent Gbagbo de la présidence.

"Nous discutons toujours", a déclaré le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan, président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays).

Mandatés par l'organisation régionale, les présidents béninois Boni Yayi, sierra-léonais Ernest Koroma et cap-verdien Pedro Pires étaient venus voir mardi M. Gbagbo à Abidjan pour lui adresser un ultimatum.

Les émissaires "y retournent le 3 janvier", a annoncé Jonathan devant la presse, après un entretien avec MM.Koroma et Pires dans la capitale fédérale nigériane Abuja.

"Quand il y a une dispute, c'est le dialogue qui résout tous les différends, ce dialogue est en cours", a expliqué le président Jonathan."Quand (les trois émissaires) rentreront, nous prendrons une décision", a-t-il promis.

 "On ne parle plus d'intervention militaire de la Cédéao qui semble, heureusement, écartée pour le moment", a déclaré à l'AFP Jorge Borges, secrétaire d'Etat cap-verdien aux Affaires étrangères.

Cela laisse "de l'espace et du temps pour bien réfléchir aux intérêts du pays et envisager une solution pacifique", a ajouté ce membre de la délégation cap-verdienne.

L'usage de la force restait toutefois dans le champ des possibles puisque les chefs d'état-major des pays de la région étaient également réunis depuis mardi à Abuja pour évoquer le dossier ivoirien.

Selon un haut responsable militaire qui y participait, la réunion était notamment consacrée à "la question de la logistique".

"Ce que nous savons, c'est que la Cédéao souhaite envoyer une force de 2.000 à 3.000 hommes.En a-t-elle la capacité?Ca, c'est une autre question", a indiqué une source diplomatique.

 "L'option militaire reste sur la table", en a conclu le porte-parole du gouvernement Ouattara, Patrick Achi, pour qui c'est seulement le départ de Gbagbo "qui est en train d'être négocié".

La poursuite du dialogue apparaît cependant comme une victoire ou au moins un répit pour le président sortant: la Cédéao avait chargé les trois dirigeants de l'appeler à se retirer au profit de Ouattara et brandi la menace d'une intervention armée.

Au cours des semaines de crise née de la présidentielle controversée du 28 novembre, Gbagbo a plaidé pour le dialogue, tout en indiquant clairement qu'il n'envisageait nullement de céder sa place à son rival, qui se voit aussi comme seul président légitime.

Mais la crise post-électorale a déjà été marquée par des violences meurtrières.Au moins 173 personnes ont été tuées selon l'ONU autour de la mi-décembre, essentiellement des partisans de M. Ouattara.Le gouvernement Gbagbo a évoqué un bilan de 53 morts depuis fin novembre, dont 14 membres des Forces de défense et de sécurité (FDS, loyales au sortant).

La pression internationale restait forte sur le pouvoir en place.L'Union européenne va ainsi porter à 61 le nombre de personnes, proches de Gbagbo, qui seront interdites de visas, selon une source diplomatique.

L'UE a en outre décidé de ne reconnaître que "les ambassadeurs nommés par le président Alassane Ouattara", a annoncé l'ex-puissance coloniale française.

Mardi, le gouvernement Gbagbo a menacé de renvoyer des ambassadeurs de pays qui ne reconnaissent plus ses représentants et veulent nommer à leur place des diplomates pro-Ouattara.

Sur le terrain, après l'appel à la grève générale du camp Ouattara, l'activité était assez peu affectée dans certains quartiers d'Abidjan, mais dans d'autres la métropole avait des airs de ville morte.

Commerces fermés, circulation quasi-inexistante: Abobo (nord), bastion de Ouattara, était quasiment désert, en particulier le long de la voie-express qui traverse ce quartier populaire et longe la mairie, devant laquelle stationnait un dispositif policier anti-émeutes.

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