Considérée comme la cheffe de ce "club" de proxénètes installées en région parisienne, Happy Iyenoma, alias "Mama Alicia", a été condamnée à dix ans d'emprisonnement et 200.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel, et arrêtée à l'audience. Son mari également.Neuf des dix autres "mamas" qui étaient jugées à ses côtés ont été condamnées à des peines allant de deux à dix ans de prison, avec pour certaines de lourdes amendes, et une a été relaxée. Quatre autres hommes, impliqués à divers degrés dans ce réseau, ont écopé de deux à onze ans de prison (cette plus lourde peine allant à un prévenu déjà condamné pour trafic de stupéfiants).Hormis Happy Iyenoma et son mari, trois autres prévenues ont été arrêtés à l'audience. Dix, dont Mme Iyenoma, se sont vu interdire définitivement de séjourner sur le territoire français.Dans une "absence totale d'empathie pour leurs victimes", les membres de ce réseau, bâti sur le modèle éprouvé d'autres réseaux nigérians relevant de la "délinquance organisée internationale", ont instauré "de fait un nouvel esclavage", a souligné la présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez."Faut-il faire un exemple par ce dossier? Oui, bien sûr", a asséné la magistrate, dénonçant des faits "d'une gravité exceptionnelle", "qui violent les principes fondamentaux de la République".Presque tous Nigérians, les quinze prévenus condamnés l'ont été pour avoir fait venir illégalement en France de jeunes Nigérianes, souvent vendues par leurs familles et terrorisées avant leur départ au cours de rituels de magie noire, et avoir organisé leur prostitution forcée.Les enquêteurs ont dénombré au moins cinquante victimes rien qu'entre 2013 et 2016, issues pour beaucoup de Benin City, capitale nigériane du trafic d'êtres humains. L'enquête avait débuté avec la plainte de l'une d'elles en France en 2014.Plusieurs jeunes femmes ont témoigné à l'audience de l'enfer de ces réseaux: viols, avortements forcés, menaces sur leurs familles..."C'est l'un des premiers procès où les victimes ont osé venir parler devant vous, pour libérer la parole", avait noté la procureure.
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