Côte d'Ivoire: Ouattara donne jusqu'à minuit à Gbagbo pour partir

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ABIDJAN (AFP)

Alassane Ouattara, reconnu président de Côte d'Ivoire par la communauté internationale, a donné à son rival Laurent Gbagbo jusqu'à minuit ce vendredi pour quitter le pouvoir, lui promettant qu'"il n'aurait pas d'ennuis" s'il renonçait avant la nouvelle année.

Mais, à quelques heures de 2011, M. Gbagbo, installé à la présidence depuis dix ans, ne paraissait nullement prêt à céder du terrain, malgré la menace d'une opération militaire ouest-africaine, de nouvelles sanctions européennes et des mises en garde de l'ONU.

Lors du passage mardi à Abidjan d'une mission de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), M. Ouattara a donné jusqu'à vendredi 31 décembre à minuit (00h00, locale et GMT) à son adversaire pour partir, lui offrant en échange la "garantie" de sa tranquillité, a dit son Premier ministre Guillaume Soro, depuis le grand hôtel abidjanais transformé en QG du camp Ouattara.

Mais M. Soro, chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), a par avance écarté l'hypothèse d'un départ en douceur: il s'est dit encore une fois "convaincu que seule la force" pourrait chasser M. Gbagbo.

"Ou on réussit à faire admettre le verdict de urnes dans notre pays, donc l'instauration de la démocratie, ou alors on échoue à mettre (en place) la démocratie en Côte d'Ivoire et ça devient une jurisprudence pour toute l'Afrique", a-t-il averti.

Les trois médiateurs de la Cédéao, les présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert), doivent revenir lundi en Côte d'Ivoire.La Sierra Leone a prévenu que la rencontre avec Gbagbo serait la "dernière".

Si le dialogue reste privilégié dans la région, les chefs militaires de la Cédéao "se sont rencontrés mardi et mercredi pour mettre la machine en marche", a indiqué à Abuja le porte-parole de l'armée nigériane, le colonel Mohamed Yerimah, avant une nouvelle réunion mi-janvier au Mali.

"Si tous les moyens de persuasion politique échouent", "la Cédéao prendra par la force le pouvoir à Laurent Gbagbo et le donnera à Alassane Ouattara", a-t-il assuré, évoquant un "dernier recours".

A Abidjan, les Ivoiriens se préparaient au Nouvel an et s'étaient pressés pour acheter des volailles, ingrédient essentiel du réveillon.

La crise et ses dangers étaient pourtant dans toutes les conversations, après des violences qui ont fait en deux semaines 179 morts selon l'ONU, en dépit d'une forte baisse des exactions ces derniers jours.

Le chef des droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, a annoncé avoir écrit dans des "termes fermes" à M. Gbagbo pour lui rappeler ses obligations de protéger les civils.

Des experts onusiens ont averti que les violations des droits de l'homme depuis la présidentielle du 28 novembre pourraient constituer des "crimes contre l'humanité".

Même si les étrangers n'ont pour l'heure pas été directement menacés, la France a recommandé de nouveau à ses ressortissants - autour de 12.000 présents actuellement - de quitter "provisoirement" le pays.

A l'orée de 2011, le risque de nouvel affrontement entre les deux camps était grand.

Le leader des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, Charles Blé Goudé, a appelé ses partisans à "libérer à mains nues", après le 1er janvier, le QG de Ouattara.Le "Golf hôtel" est soumis à un blocus routier des forces loyales à M. Gbagbo et protégé par 800 Casques bleus et des éléments FN.

"Une attaque contre le Golf hôtel risque de provoquer des violences à grande échelle qui pourraient rallumer la guerre civile" de 2002-2003, a alerté le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
Après plus d'un mois de crise, l'Union européenne et les Etats-Unis maintenaient leur pression sur l'homme fort d'Abidjan.

L'UE a approuvé des sanctions - interdictions de visa - contre 59 de ses proches, dont la quasi-totalité de son gouvernement.Une première série de sanctions européennes était déjà entrée en vigueur la semaine dernière, visant M. Gbagbo lui-même et 18 autres personnes.

Pour lui, "il est temps de partir.Nous espérons qu'il choisira une transition pacifique", ont insisté les Etats-Unis.

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