Le Nigeria de Buhari s'excuse pour les élections avortées de 1993

Ces excuses à Moshood Abiola interviennent à quelques mois de la présidentielle prévue en février 2019. M. Buhari, ancien général de 75 ans qui fut au pouvoir dans les années 80, espère briguer un second mandat de quatre ans.La semaine dernière, le président Buhari a annoncé que le 12 juin serait désormais férié, décrété "jour de la démocratie", en hommage au scrutin historique qui devait permettre le retour à la démocratie. Il a également décoré à titre posthume son vainqueur présumé "grand commandeur de la République fédérale", la plus haute distinction honorifique habituellement réservée aux anciens chefs d'Etat.L'homme d'affaires Moshood 'OMK' Abiola était en passe de remporter la présidentielle face au candidat de l'armée, lorsque le vote fut annulé. "Je présente les excuses de la nation au chef OMK Abiola", pour l'annulation des élections du 12 juin 1993, a déclaré M. Buhari lors d'une cérémonie en l'honneur du politicien décédé en 1998, après avoir passé quatre années en prison.Observant une minute de silence à la mémoire d'Abiola et d'autres héros nationaux de la lutte pour la démocratie, M. Buhari a promis que "le Nigeria ne tolèrerait plus une telle perversion de la justice".Le Nigeria, indépendant depuis 1963, a été dirigé pendant près de trente ans par des militaires, la plupart étant arrivés au pouvoir par un coup d'Etat, comme Buhari lui-même, en 1983.Il a ensuite gouverné militairement l'ex-colonie britannique jusqu'en 1985, année où il a été renversé par le général Ibrahim Babangida, qui a organisé les élections de 1993 après moult reports durant les huit ans passés au pouvoir.Abiola a été arrêté l'année suivante puis condamné pour trahison, pour s'être autoproclamé vainqueur de l'élection. Il est mort en prison le 7 juillet 1998, alors qu'il devait être libéré quelques jours plus tard.