Il faudra encore au moins quatre jours de mer à cette flotille composée de l'Aquarius, où ils se trouvaient encore tous jusqu'à mardi, et de deux autres italiens où quelque 500 d'entre eux ont été transbordés, avant de toucher le port espagnol de Valence.
Quelque 72 heures après le début de cette crise sans précédent en Europe, le dénouement semblait donc enfin proche pour ces migrants secourus au large de la Libye entre samedi et dimanche, mais qui sont restés ensuite bloqués jusqu'à mardi à une trentaine de milles des côtes maltaises, suite au refus de l'Italie et de Malte de les accueillir.
Ce refus a déclenché une vague d'indignation, ou d'approbation, dans toute l'Union européenne, mais aussi un échange virulent entre la France et l'Italie qui se sont mutuellement accusés de "cynisme".La présidence du Conseil italien a ainsi fait savoir mardi qu'elle refusait les "leçons hypocrites" de Paris, ou de "pays ayant préféré détourner la tête" du problème migratoire.
Giuseppe Conte, le président du Conseil italien, réagissait aux propos du président français Emmanuel Macron, qu'il rencontrera vendredi à Paris, dénonçant le même jour la "part de cynisme et d'irresponsabilité du gouvernement italien" après son refus d'accueillir l'Aquarius.
L'ONG SOS Méditerranée, qui a affrété ce navire humanitaire et confirmé son départ vers l'Espagne mardi soir, n'a pas donné de détail sur la situation à bord des trois bateaux.
Plus tôt dans la journée, Anelise Borges, de la chaîne Euronews et seule journaliste à bord de l'Aquarius, avait toutefois décrit à l'AFP la fatigue mais aussi l'impatience de ces migrants, dont sept femmes enceintes et onze enfants en bas âge, à enfin toucher terre.
"La situation est calme si on considère le nombre d'heures (passées en mer) et les souffrances que ces gens ont déjà endurées", avait-elle ainsi raconté par téléphone dans l'après-midi.
- Inquiétude -
Mais tandis que cette attente se prolongeait, beaucoup de ces migrants se sont inquiétés d'être renvoyés en Libye, à tel point que les secouristes de l'Aquarius ont dû faire le tour du navire, cartes en main, pour montrer qu'ils étaient désormais loin des côtes libyennes, a encore raconté cette journaliste d'Euronews au téléphone.
L'Aquarius, présent depuis février 2016 dans cette partie de la Méditerranée, où il a secouru près de 30.000 personnes, était depuis dimanche au centre d'un bras de fer entre l'Italie et Malte, avant que l'Espagne ne se propose de l'accueillir.
La détermination du ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini, à la manoeuvre depuis le début de cette crise, l'a finalement emporté, grâce au geste salué par l'Italie du gouvernement socialiste espagnol de Pedro Sanchez.
"Sauver des vies est un devoir, transformer l'Italie en un énorme camp de réfugiés, non.L'Italie en a fini de courber l'échine et d'obéir, cette fois IL Y A QUELQU'UN QUI DIT NON", assurait dès lundi sur Twitter M. Salvini, qui est en même temps le patron de la Ligue (extrême droite).
Matteo Salvini, qui s'est imposé ces derniers jours comme le véritable homme fort du gouvernement italien, a confirmé mardi que les autres ONG opérant au large de la Libye seraient traitées de la même manière.Autrement dit, que les ports italiens leurs seraient dorénavant interdits.
- 'Front en Europe' -
Ce qui n'a pas empêche SOS Méditerranée d'affirmer mardi vouloir poursuivre ses opérations de sauvetage au large de la Libye, dès que l'Aquarius serait de retour d'Espagne.
Le nouveau ministre italien de l'Intérieur estime néanmoins avoir atteint son but : contraindre les autres pays européens à prendre en charge une partie du "fardeau" de la crise migratoire."Nous avons ouvert un front en Europe", s'est-il ainsi félicité lundi."Si l'Europe existe, qu'elle nous fasse le plaisir de nous aider", a-t-il ajouté.
L'Italie, qui a vu quelque 700.000 migrants débarquer sur ses côtes depuis 2013, a régulièrement accusé les Européens de l'avoir laissée seule face à la crise migratoire.
Et si la fermeté du nouveau gouvernement populiste italien a suscité l'indignation de certains en Europe, elle a aussi rencontré l'approbation de plusieurs pays de l'Est.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a ainsi assuré mardi l'Italie de son "total soutien" tandis que son homologue slovaque Peter Pellegrini a souhaité que la fermeté de Rome ne soit "que le début" du renforcement des frontières maritimes de l'UE.
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