Nigeria: Boko Haram tue une sage-femme

Dans un communiqué de presse, l'agence humanitaire a condamné le "meurtre tragique" de Saifura Hussaini Ahmed Khorsa, enlevé le 1er mars par des jihadistes de Boko Haram dans la ville de Rann, dans l'extrême nord-est du pays. Le CICR a demandé à Boko Haram de libérer une autre sage-femme et une infirmière toujours entre les mains du groupe. "Nous sommes dévastés par l'assassinat de notre collègue Saifura", a déclaré Eloi Fillion, directeur de la délégation du CICR à Abuja. "Il n'y a aucune idéologie ou loi religieuse qui pourrait justifier un tel acte", a déclaré M. Fillion. Edward Kallon, coordinateur humanitaire pour les Nations unies, a dénoncé cet acte "lâche, haineux et détestable", rendant hommage à une "sage-femme jeune, passionnée qui avait dédiée sa vie aux autres". "Cet incident souligne les défis auxquels le Nigeria continue à faire face", a-t-il ajouté.Le travail humanitaire avait été suspendu à Rann en mars dernier, après l'attaque par Boko Haram d'un poste militaire à proximité d'un camp de déplacés, à l'arme lourde, qui avait tué trois travailleurs humanitaires et huit soldats nigérians. Rann est une ville isolée à la frontière avec le Cameroun où quelque 60.000 personnes qui ont fui les jihadistes de Boko Haram vivent toujours dans un camp de déplacés et dépendent de l'aide alimentaire et médicale pour survivre. Le groupe islamiste nigérian, qui a étendu sa menace aux voisins du Tchad, du Niger et du Cameroun depuis 2015, a intensifié ses attaques au cours des derniers mois.Les jihadistes pratiquent les enlèvements contre rançon pour financer leurs opérations ou échanger leurs captifs contre des prisonniers du groupe avec le gouvernement nigérian. Le CICR avait d'ailleurs participé aux négociations qui ont mené à la libération de dizaines de lycéennes de Chibok, kidnappées en 2014. Les Nations unies estiment que les violences entre Boko Haram et l'armée nigériane ont fait plus de 27.000 morts depuis 2009 et plus d'1,8 million de personnes ne peuvent toujours pas regagner leur foyer.