Burundi: l'UA ne veut pas d'initiative judiciaire intempestive

Infos. L'Union africaine (UA) a appelé samedi le gouvernement burundais à éviter toute mesure judiciaire susceptible de nuire à la recherche d'un consensus au Burundi, au lendemain de l'émission d'un mandat d'arrêt international contre l'ancien président Pierre Buyoya.

Burundi: l'UA ne veut pas d'initiative judiciaire intempestive
"Il est crucial que l'ensemble des acteurs concernés s'abstiennent de toutes mesures, y compris politiques et/ou judiciaires, de nature à compliquer la recherche d'une solution consensuelle" au Burundi, où le dialogue entre le gouvernement et l'opposition est dans l'impasse, a indiqué dans un communiqué le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat.Même si son nom ne figure pas dans ce communiqué, l'allusion à Pierre Buyoya, président du Burundi entre 1987 et 1993 puis de 1996 à 2003, et actuel représentant de l'Union africaine (UA) au Mali, semble transparente.Le Burundi a lancé vendredi un mandat d'arrêt international contre M. Buyoya, ainsi que 11 hauts gradés des forces de sécurité (armée et gendarmerie) et cinq de ses anciens proches collaborateurs civils, pour leur rôle présumé dans l'assassinat en 1993 de Melchior Ndadaye, premier président hutu démocratiquement élu du pays.L'assassinat de Melchior Ndadaye avait été à l'origine d'une guerre civile (1993-2006) qui a fait plus de 300.000 morts et opposé l'armée, alors dominée par la minorité tutsi (14% de la population), à des mouvements rebelles hutu (85%).Un diplomate africain a estimé sous couvert d'anonymat pour l'AFP que la réaction de l'UA signifiait qu'elle "n'appliquerait pas les mandats émis par la justice burundaise".Ces mandats d'arrêt ont suscité des tensions à Bujumbura, selon de nombreux témoins et des réactions sur les réseaux sociaux. Les tenants du pouvoir se sont félicités d'une "décision historique". Mais les opposants ont dénoncé "un deux poids, deux mesures", en rappelant qu'aucun membre de l'ex-rébellion hutu, aujourd'hui au pouvoir, n'a été inquiété pour les nombreux massacres de Tutsi qui ont suivi la mort du président Ndadaye. Le président Buyoya est un Tutsi.Ce communiqué est également publié au lendemain du report d'un sommet des chefs d'Etat des pays membres de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), qui devait avoir lieu vendredi à Arusha en Tanzanie.Ce sommet a dû être annulé à la dernière minute, alors que plusieurs chefs d'État de la région étaient déjà sur place, car le Burundi a refusé d'y envoyer une délégation. Il a été reporté au 27 décembre.Le président de la Commission de l'UA a dit noter "avec une profonde préoccupation l'impasse persistante dans le dialogue inclusif" et former "l'espoir que le président (burundais) Pierre Nkurunziza apportera sa contribution personnelle à la réussite du sommet" de décembre."On constate malheureusement une fuite en avant du pouvoir dans tous les domaines, et la question maintenant est de savoir jusqu'où il va aller", a estimé pour l'AFP un autre diplomate en poste à Bujumbura.

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