Des soldats, des agents des services de renseignement et des paramilitaires ont fait irruption dimanche dans les bureaux du quotidien dans la ville de Maiduguri, dans le nord-est, à Abuja, la capitale et dans la métropole économique de Lagos.Des ordinateurs ont été saisis et deux journalistes de Maiduguri ont été arrêtés à la suite d'un article publié en première page sur des plans militaires visant à reprendre aux insurgés la ville de Baga, sur les rives du lac Tchad.Le porte-parole de l'armée, le général Sani Usman, a déclaré que le quotidien "avait divulgué des informations militaires classifiées, portant ainsi atteinte à la sécurité nationale". Il a ajouté que ces informations avaient donné aux islamistes armés une "alerte précoce" et qu'en conséquence "il a saboté les opérations prévues... mettant la vie des troupes en danger".Les agents de l'Etat ont seulement voulu "inviter" ceux qui sont à l'origine des informations à discuter de leurs implications, a-t-il ajouté dans un communiqué dimanche soir.Cette opération militaire a provoqué des condamnations dans les médias sociaux et des comparaisons avec la répression sous les décennies de régime militaire, dont la période des années 1980 où l'actuel chef de l'Etat, l'ex-général Muhammadu Buhari, dirigeait déjà le Nigeria.En 2018, le Nigeria occupait le 119e rang du classement mondial de la liberté de la presse de l'ONG Reporters sans frontières (RSF).Le rédacteur en chef du Daily Trust, Mannir Dan-Ali, a condamné le raid de dimanche comme "illégal" et a déclaré que la confrontation au siège du journal à Abuja avait duré cinq heures. La coordinatrice du programme Afrique du Comité pour la protection des journalistes, Angela Quintal, a déclaré que cette décision était "scandaleuse" et constituait une "violation flagrante" des droits des médias et des citoyens.Amnesty International Nigeria a déclaré de son côté que les autorités avaient "l'obligation de protéger la liberté de la presse... comme le prévoient la Constitution et les lois internationales relatives aux droits de l'homme".La veille du Nouvel An, le Daily Trust avait déjà publié un article sur la prise de contrôle par Boko Haram de six localités dans l'Etat du Borno, dont Baga, contestant les affirmations de l'armée selon lesquelles les jihadistes ne contrôlaient aucun territoire de la région. Cette offensive s'inscrit dans le cadre d'une série d'attaques imputées ou revendiquées par la faction de Boko Haram soutenue par le groupe Etat islamique, l'ISWAP, contre des objectifs militaires depuis six mois. Elles ont souvent obligé les soldats à battre en retraite.Plus de 27.000 personnes ont été tuées depuis le début de l'insurrection en 2009 et plus de 1,8 million sont toujours sans abri.
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