Le Nigeria a voté samedi pour élire les gouverneurs et les représentants des assemblées locales dans 29 des 36 Etats de la fédération nigériane. Les résultats sont attendus dans les prochains jours."Des violences ont été perpétrées dans un nombre important de bureaux de vote et de centres de collecte, le personnel a été pris en otage et des documents, y compris des feuilles de résultats, ont été saisis ou détruits par des personnes non autorisées", a estimé l'INEC dans un communiqué."La sécurité de notre personnel semble être compromise dans tout l'Etat et la commission est préoccupée par la crédibilité du processus", a-t-elle ajouté. "En conséquence (...) la commission a décidé de suspendre l'intégralité du processus électoral dans l'Etat jusqu'à nouvel ordre".Cette décision intervient notamment après l'irruption en milieu de journée de l'armée dans un centre de l'INEC où étaient centralisés tous les résultats des législatives et des gouvernatoriales pour l'Etat de Rivers.Des soldats patrouillant en véhicules blindés ont envahi en milieu de journée les abords d'un centre de l'INEC, après avoir bloqué la route avec des barricades, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place.La police locale a tenté de résister avec des gaz lacrymogènes, avant de finalement battre en retraite pour éviter une escalade avec les militaires. Les habitants qui suivaient le dépuillement ont fui dans un mouvement de panique.Le Congrès des progressistes (APC) de Muhammadu Buhari, réélu pour un second mandat après la présidentielle du 23 février, n'a pas de candidat dans ce bastion de l'opposition mais soutient le candidat d'un petit parti.Les observateurs internationaux ont estimé que ce premier scrutin s'était globalement bien déroulé, malgré de nombreux couacs logistiques et des cas de violences - la société civile a dénombré 59 morts dans le pays.L'ambassade du Royaume-Uni à Abuja a réagi dimanche sur Twitter, se disant "extrêmement préoccupée par les informations (...) faisant état d'ingérence militaire dans le processus électoral", et demandant aux autorités nigérianes de permettre aux agents de la commission électorale de faire leur travail en sécurité, sans intimidation".La question est sensible au Nigeria, gouverné durant plusieurs décennies par des dictatures militaires jusqu'à la transition démocratique de 1999.L'armée nigériane a dans un communiqué nié son implication dans cet incident, affirmant qu'il avait été perpétré pardes "voyous à la solde de politiciens portant des armes et des uniformes de l'armée" se faisant passer pour des soldats.Plusieurs d'entre eux ont été arrêtés dans la foulée et l'enquête suit son cours, a ajouté un porte-aprole militairen Sagir Musa, répétant que l'armée est "neutre et apolitique".Le gouverneur sortant et favori dans l'Etat de Rivers, Nyesom Wike (Parti démocratique populaire, PDP), a aussitôt accusé sur Twitter le parti au pouvoir de lui avoir "déclaré la guerre"."Ils veulent installer une marionnette. Mais ça ne marchera pas (...) Nous ne sommes pas des lâches", a-t-il dit, avant d'appeler l'INEC "à faire en sorte que la volonté de le peuple l'emporte pour garantir la paix".Les postes de gouverneur font l'objet d'intenses rivalités car ce sont eux qui tiennent les cordons de la bourse dans des domaines-clés comme l'éducation, la santé et les infrastructures dans le pays le plus peuplé d'Afrique (190 millions d'habitants).L'Etat de Rivers a quant à une longue histoire de violence électorales. Vendredi, trois personnes avaient été tuées à la suite d'affrontements entre partisans de l'APC et du PDP.D'autres violences sporadiques ont par ailleurs entâché le vote de samedi dans le nord du pays. Trois membres de la commission électorale nationale ont été enlevés et un policier tué dans une embuscade tendue par des bandits armés dans l'Etat de Katsina, selon la police.Toujours à Katsina, des hommes armés ont ouvert le feu sur un bureau de vote d'un village, perturbant le scrutin et tuant un personnel paramilitaire.
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