"Nous allons décréter en urgence l'interdiction de tous les vols des 737 MAX 8 et 737 MAX 9", a déclaré M. Trump depuis la Maison Blanche."La sécurité des Américains, et de tous les passagers, est notre priorité absolue", a-t-il déclaré.
Le PDG de Boeing Dennis Muilenburg a immédiatement réagi, renouvelant sa "confiance totale en la sécurité du 737 MAX" tout en affirmant que la recommandation d'immobiliser temporairement cette flotte d'avions était à l'initiative du constructeur pour rassurer le grand public.
La décision de clouer au sol les Boeing 737 MAX est justifiée par de nouvelles données, a annoncé la FAA, le régulateur aérien américain.
La décision du président américain a été prise dans le sillage de celle du Canada, qui, jusqu'à mercredi, était le seul pays à accompagner les Américains dans leur refus de suspendre des airs cet aéronef.
Ottawa a justifié cette interdiction de vol provisoire, qui prend effet "immédiatement" et "jusqu'à nouvel ordre" par la collecte de nouvelles informations laissant à penser que la tragédie d'Addis Abeba, qui a fait 157 morts dimanche, a des points communs avec l'accident meurtrier d'un autre MAX 8 de la compagnie indonésienne Lion Air qui a tué 189 personnes fin octobre.
Les informations reçues et analysées mercredi matin "viennent de données satellitaires qui suggèrent une similarité dans le profil du vol de ces deux accidents", a expliqué le ministre des Transports Marc Garneau.
Les experts ont comparé le profil des deux vols et constaté "des parallèles" dans leurs trajectoires et leurs "variations" qui "dépassent un seuil de ressemblance quant aux causes possibles de l'écrasement en Ethiopie".
Bien que cela ne soit "pas concluant", c'est "une ressemblance suffisante pour que l'on franchisse le seuil de précaution", a estimé le ministre.
Les premiers éléments de l'enquête de l'accident de Lion Air ont mis en cause un dysfonctionnement sur le système de stabilisation en vol destiné à éviter un décrochage de l'avion, le "MCAS" (Maneuvering Characteristics Augmentation System).Le MCAS est un système tout nouveau conçu spécialement pour les 737 MAX, en raison de moteurs plus lourds que ceux équipant les 737 d'ancienne génération.
Le Canada a dévoilé ces informations alors que plusieurs pilotes américains ont eux-mêmes rapporté en octobre et novembre, sur une base de données anonyme de la NASA, avoir été confrontés à un dysfonctionnement du système MCAS.
Ils ont toutefois réussi à éviter un accident car ils avaient été informés et entraînés à faire face à ce potentiel incident.
- Imbroglio autour des boîtes noires -
Depuis lundi, les pays et autorités aériennes en Asie, en Europe, au Moyen Orient avaient refusé les uns après les autres l'accès à leurs couloirs aériens au 737 MAX.
Pour autant, l'agence américaine de l'aviation (FAA), qui doit officialiser la décision du président américain, estimait encore mardi soir qu'il n'y avait pas de raison de clouer au sol cet appareil, dernier né des moyen-courriers et au coeur de la stratégie de Boeing.
Tous les yeux sont désormais rivés sur les deux boîtes noires de l'appareil accidenté d'Ethiopian, qui seules, peuvent donner l'enchaînement précis des événements.
Retrouvées dès lundi, elles sont pour l'heure inexploitées faute de consensus sur le bureau d'enquête technique qui va avoir la délicate tâche de les décrypter.
Les boîtes noires devaient être envoyées "en Europe", dans un pays qui n'a pas encore été choisi, avait indiqué Asrat Begashaw, porte-parole d'Ethiopian Airlines.Car l'Ethiopie ne dispose pas de l'équipement nécessaire à leur lecture.
La lecture de ces boîtes contenant les paramètres du vol, pour l'une, et les conversations et alarmes du cockpit, pour l'autre, ainsi que l'interprétation de ces données, demande une grande expertise.
"Nous n'allons pas analyser les boîtes noires", a indiqué un porte-parole du bureau allemand d'enquête sur les accidents aéronautiques."Car nous n'en sommes pas capable", relevant qu'elles étaient équipées d'un nouveau logiciel qu'ils ne peuvent pas lire.
En Ethiopie, des proches des victimes - kényanes, chinoises, américaines et canadiennes - de ce vol qui reliait Addis Abeba à Nairobi, ont été conduits mercredi sur le lieu de l'accident, un champ à 60 km à l'est de la capitale éthiopienne.L'appareil a été pulvérisé à l'impact, creusant un impressionnant cratère dans la terre.
Dans un entretien à CNN, le PDG d'Ethiopian Airlines, Tewolde GebreMariam a soutenu que les similarités entre les deux catastrophes aériennes étaient "significatives", tout en assurant que les pilotes aux commandes de l'appareil de sa compagnie avaient reçu une nouvelle formation sur les particularités du 737 MAX 8 après l'accident de Lion Air.
Comme dans le cas de Lion Air, le Boeing d'Ethiopian Airlines a eu lieu peu de temps après le décollage et les appareils ont connu des montées et des descentes irrégulières juste après le décollage.
L'interdiction de vol pour un avion récent est un camouflet inédit dans l'histoire de l'aviation civile.Pourtant, elle ne devrait pas perturber sérieusement le trafic aérien mondial.Quelque 370 appareils de cette famille volent dans le monde aujourd'hui.Environ 19.000 avions d'au moins 100 passagers sont en service au niveau international, tous modèles confondus, selon des données d'Airbus.
Les personnels navigants et les passagers aux Etats-Unis se sont eux aussi montrés inquiets, beaucoup refusant désormais d'embarquer sur cet appareil.
burs-ndy/Dt/AB
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