Arrivé quatrième du premier tour de la présidentielle, le colonel Soilihi Mohamed, dit "Campagnard", a été interpellé peu de temps après avoir annoncé qu'il prenait la tête d'un "conseil national de transition", dénonçant la réélection à ses yeux frauduleuse du colonel Azali.
L'un des membres de son état-major de campagne, Kamal Eddin Sindou, a précisé à l'AFP que Soilihi Mohamed, dit "Campagnard" avait été interpellé à son domicile de la capitale par les gendarmes.
Peu de temps après, des témoins ont rapporté à l'AFP avoir entendu des tirs autour du camp militaire Kandani à Moroni.
Dans les rues de la capitale du petit archipel pauvre de l'océan Indien, les civils rentraient rapidement chez eux et les taxis ne s'arrêtaient plus pour prendre en charge leurs clients, a constaté un journaliste de l'AFP.
A la tête du pays de 1999 à 2006, réélu en 2016, le colonel Azali a été élu dimanche dès le premier tour du scrutin avec 60,77% des suffrages, selon les résultats provisoires proclamés par la Commission électorale (Ceni).
L'opposition a hurlé au "hold-up" ou au "coup d'Etat électoral", dénonçant les "fraudes massives" du camp présidentiel.
Les ONG comoriennes et de nombreux observateurs étrangers ont largement confirmé les irrégularités relevées par les douze adversaires du chef de l'Etat sortant.
Juste avant son arrestation, "Campagnard", 69 ans, un ancien chef d'état-major de l'armée comorienne très respecté, a expliqué avoir mis en place un "comité national de transition" destiné à "régler la crise post-électorale" et "assurer une transition pacifique".
"La démocratie dans notre pays a été piétinée et notre dignité d'hommes libres a été bafouée par des individus sans conscience, sans coeur, sans âme, sans foi ni loi", a-t-il lancé.
- 'Résistance'-
"Nous allons organiser la résistance (...).Le scrutin du 24 mars a été une tromperie, une mascarade et une honte pour la démocratie et la nation toute entière", a-t-il ajouté, appelant la population à ne pas recourir "à la violence".
Les douze candidats opposés au colonel Azali avaient dénoncé dès dimanche de nombreuses irrégularités dans la tenue du scrutin présidentiel, qualifié de "mascarade".
Lundi, une centaine de leurs partisans qui protestaient contre la "fraude généralisée" avaient été dispersés dans les rues de Moroni sans ménagement par des tirs de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc.
Jeudi matin encore, les gendarmes ont dispersés une centaine de femmes issues de la société civile qui voulaient déposer au siège de la Cour suprême, en charge du contentieux électoral, une motion exigeant "l'annulation immédiate de ce scrutin et l'invalidation des résultats annoncés".
Douze d'entre elles ont été interpellées par les forces de l'ordre puis relâchées à la mi-journée.
L'opposition comorienne a fait savoir qu'elle ne déposerait aucun recours devant la Cour suprême, qu'elle juge inféodée au régime, et exige elle aussi la tenue d'un nouveau scrutin "dans les plus brefs délais".
Le ministre de l'Intérieur Mohamed Daoudou a balayé toutes les critiques sur la régularité du scrutin et interdit toute manifestation jusqu'à nouvel ordre."Ce n'est pas la rue qui va diriger le pays", a-t-il promis.
"Je n'ai jamais vu élections plus transparentes dans notre pays", a-t-il ajouté lundi lors d'un entretien à l'AFP.
Jeudi matin, le ministre a ordonné la saisie de La Gazette des Comores, qui a annoncé en "Une" la création prochaine d'un "comité de salut public" de l'opposition, a rapporté à l'AFP un membre de la rédaction du quotidien.
Depuis des mois, l'opposition dénonce la "dictature" du président Azali.Il a dissous la Cour constitutionnelle, modifié la Constitution dans un sens qui pourrait lui permettre de rester au pouvoir jusqu'en 2029 et arrêté des dizaines d'opposants.
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