Arrivée en début d'après-midi à Rabat, le pape avait auparavant fermement défendu "la liberté de conscience", lors d'un discours sur une immense esplanade devant des milliers de Marocains et le roi Mohammed VI.
"Nous pensons important de préserver la Ville sainte de Jérusalem/Al Qods Acharif comme patrimoine commun de l'humanité et, par-dessus tout pour les fidèles des trois religions monothéistes", affirment le pape et Mohammed VI dans une déclaration commune, soulignant l'"unicité et sacralité" de Jérusalem.
Objet de tensions perpétuelles, le statut de Jérusalem est une question épineuse au coeur du conflit israélo-palestinien.Israël considère toute la ville comme sa capitale, alors que les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est --secteur palestinien occupé et annexé par Israël-- la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.
Le roi du Maroc préside le "Comité Al-Qods" (Jérusalem en arabe), créé par l'Organisation de la coopération islamique, pour -uvrer à la préservation du patrimoine religieux, culturel et urbanistique de la Ville sainte.
Jérusalem doit demeurer un "lieu de rencontre et symbole de coexistence pacifique, où se cultivent le respect réciproque et le dialogue", ont encore prôné le roi du Maroc et le pape François, appelant à "garantir la liberté d'accès aux fidèles des trois religions monothéistes et le droit de chacune d'y exercer son propre culte".
Peu avant cet appel, le pape a souligné que "la liberté de conscience et la liberté religieuse - qui ne se limitent pas à la seule liberté de culte mais qui doivent permettre à chacun de vivre selon sa propre conviction religieuse - sont inséparablement liées à la dignité humaine".Il a appelé les croyants à "vivre en frères".
Cette visite de deux jours du pape est "placée sous le signe du développement du dialogue interreligieux", selon les autorités marocaines.Un thème prioritaire pour le pape, même si les scandales sexuels de l'Eglise focalisent l'attention.
Bâtiments repeints, rues pavoisées, pelouses manucurées, forces de l'ordre renforcées...tout a été fait pour le recevoir en grande pompe à Rabat, la capitale de ce pays à 99% musulman.
- "Lutter par l'éducation" -
Avant d'arriver sous les applaudissements sur une grande esplanade bordée par une mosquée et par un mausolée, pour prononcer leurs discours, les deux hommes ont parcouru plusieurs kilomètres en cortèges parfaitement parallèles.
Le pape en papamobile, protégé de la pluie, le roi sous la capuche de sa jellaba jaune clair debout dans une limousine décapotable.
Un adolescent de 17 ans qui voulait solliciter l'aide du roi a été arrêté pour avoir tenté de se jeter sur la voiture du souverain, a indiqué la police.
Dans son discours sur l'esplanade aux côtés du pape, le souverain marocain, 55 ans, a souligné que "les radicalismes, qu'ils soient ou non religieux, reposent sur la non-connaissance de l'autre, l'ignorance de l'autre, l'ignorance tout court", appelant à lutter contre le radicalisme par "l'éducation".
"Ce que tous les terroristes ont en commun n'est pas la religion, c'est précisément l'ignorance de la religion.Il est temps que la religion ne soit plus un alibi pour ces ignorants, pour cette ignorance, pour cette intolérance", a-t-il ajouté.
Selon les autorités marocaines, 12.000 personnes étaient présentes sur l'Esplanade, mais la cérémonie d'accueil a été suivie par 130.000 personnes sur écrans géants à plusieurs endroits de Rabat.
La visite du pape "montre que nous vivons tous ensemble, que le mélange des cultures et des religions est possible", a affirmé à l'AFP Lawson Pascal, un Ivoirien de 23 ans, venu de Casablanca (ouest) à Rabat pour assister au discours de François.
Cette rencontre s'inscrit dans le cadre de la tolérance religieuse et du vivre-ensemble", déclare à l'AFP El Houssein Mechouahi, 29 ans, président d'une association culturelle à Taza (nord).
- "Des voix s'élèvent" -
Après un tête-à-tête au palais royal, Mohammed VI et le pape se sont rendus à l'Institut de formation des imams qui accueille Marocains et étrangers d'une dizaine de pays, dont la France.
Ils sont 1.300 étudiants, hommes et femmes, à suivre des cursus de deux ou trois ans dans cet établissement, fer de lance de "l'islam modéré" prôné par le roi.
A l'Institut, le roi et le pape ont écouté les témoignages d'étudiants, dont Abouakar Midouche, 25 ans, qui a décidé de devenir imam après les attentats à Paris en 2015.
"J'ai pris conscience qu'il fallait que des voix s'élèvent et que des hommes s'engagent contre cette idéologie de la mort", explique-t-il.
Un concert de musiques puisées dans le répertoire des trois religions monothéistes, était également prévu.
Au Maroc, où l'islam est la religion d'État, les autorités aiment souligner la "tolérance religieuse" qui permet aux chrétiens étrangers et aux juifs d'exercer librement leur religion.
Reste que pour les Marocains, considérés automatiquement comme musulmans quand ils n'appartiennent pas à la communauté juive, l'apostasie est désapprouvée par la société et le prosélytisme condamné par la loi.
Si le renoncement à l'islam n'est pas explicitement mentionné dans le code pénal, ceux qui sont soupçonnés d'"ébranler la foi d'un musulman ou de le convertir à une autre religion" peuvent être poursuivis.
Longtemps dans l'ombre, la petite minorité des convertis plaide ouvertement depuis 2017 pour vivre sa foi "sans persécution" et "sans discrimination".
En fin de journée, François devait rencontrer des migrants dans un local de l'organisation catholique humanitaire Caritas.
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